31 – 1789 : Problème de protocole

Depuis toujours, les États ont délibéré par ordre. Surtout si la discussion est longue et difficile. Chaque ordre se retirait dans sa « chambre » pour délibérer. Mgr de Gain-Montaignac : « Je ne peux qu’en approuver quelques articles qui me paraissent justes et raisonnables mais je pense comme vous que toute innovation serait prématurée avant les États généraux ». Et de proposer onze mesures afin « de concilier les intérêts de tous les ordres avec ceux de tous les particuliers et de remplir ainsi toute justice ». Il propose « un nombre déterminé de citoyens de tous les ordres choisis dans les assemblées particulières de leurs districts ». Qui recevra les lettres de convocation aux États généraux : le comte d’Angos, sénéchal de Bigorre ou le comte de Gontaut, commandant de Bigorre ? En 1614, Duluc, sénéchal de Bigorre, avait ce privilège car le plus ancien dans la charge. À présent, la Bigorre n’étant plus province du royaume mais pays d’état, comment tranchera le Directeur général des Finances ? Mgr pressent la dispute : « Rien n’est indifférent dans un petit pays où les plus petits intérêts n’influent que trop souvent sur les affaires publiques. Il est essentiel cependant que vous prononciez entre le droit qui semble acquis à M. le comte de Gontaut comme commandant pour le Roi et son commissaire aux États et le droit présumé de M. le comte d’Angos, sénéchal d’épée ». Il conclut diplomatiquement : « votre opinion sera ma loi et la règle de mes démarches ». La lettre s’achève ainsi : « J’ai l’honneur d’être avec un respectueux attachement… ». Signé : François Évêque de Tarbes en Bigorre (1782-1801). Mgr était né le 6 janvier 1744, à Saint-Hippolyte, en Corrèze. Prêtre en 1778, aumônier du Roi en 1779, il est vicaire général à Reims de l’ancien évêque de Tarbes, Mgr de la Roche-Aymon. Il refusera le serment à la Constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 et quittera le palais de la Sède, le 9 décembre, pour Montserrat, en Espagne. Mon ami, le chanoine Jean-Baptiste Laffon, ajoutait que pour des raisons d’économie et un besoin de solitude, il habitait une grotte, véritable nid d’aigle qui surplombait le monastère. À suivre…

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