Martial Lacay ajoute : « L’abonnement le moins accablant (la Taille) est devenu le plus onéreux puisqu’il s’est accru de près de quatre cinquième et que le rôle de ce seul objet forme près de la moitié de tous les impôts. L’abonnement pour le vingtième est fixé également par arrêt du Conseil, mais il ne pèse pas moins sur le Tiers-État dès que la Noblesse n’y contribue que pour un neuvième tandis que si les deux ordres étaient imposés tant sur la Taille que sur le Vingtième qui sont des objets relatifs, ces impôts, quoique peut-être au-dessus des forces de la Province, ne seraient pas onéreux à la seule classe des propriétaires des biens ruraux. Il y a plus de justice dans le rôle de la Capitation, mais comme l’aisance du propriétaire des biens-fonds est presque toujours détruite par les fléaux qui ravagent souvent ce pays, par l’achat des engrais et la cherté de la main-d’œuvre, il paraîtrait digne de la Noblesse moins sujette aux cas fortuits que le Tiers et qui cependant ne contribue à cette imposition que pour un quinzième, de venir au secours de la classe malheureuse et d’augmenter généreusement sa quotité de contribution. Il en est de même de la prestation d’argent qui supplée les corvées à laquelle la Noblesse contribue pour un neuvième, mais cette contribution, quoique gratuite de sa part, mériterait bien plus nos éloges si cet ordre ayant égard aux dépenses qu’entraînent les chemins de communication qui sont si nombreux dans ce Pays, daignait encore venir au soulagement du Tiers pour cet objet d’utilité générale ». Après cet exposé fidèle des malheurs de la Bigorre, Martial Lacay affirme qu’il est temps et important « Pour l’agriculture, pour le propriétaire, pour le Tiers-État, de porter aux pieds du Trône les doléances les plus fortes, les plus touchantes et les plus promptes de demander au Roi qu’il veuille bien changer la constitution actuelle de nos États en nous permettant d’y voter par tête et non par corps, en ordonnant que les Nobles et le Clergé supporteront à l’avenir tant sur la Taille que sur les autres rôles, une quotité d’imposition relative et proportionnelle à leur aisance, à leurs revenus et à leurs possessions ». À suivre…