14 – 1789 : Dîme et « capitalistes »

Le vrai problème, récurent, c’est la dîme perçue sur les grains, le foin, le vin, la laine des moutons, les agneaux. En sont exclus : le lait, beurre, fromage, le produit des jardins et les porcs. Avec un revenu de 3400 livres, Jacques Rivière est probablement le curé le mieux doté de la Bigorre. Le principal décimateur est l’abbé Séris, abbé commendataire de Saint-Lézer, qui vit à Paris. Les autres « fruits-prenants » sont l’Évêque et la fabrique qui assure toutes les grosses réparations de l’église Saint-Martin. Comme le souligne Joseph Verley, une délibération du Conseil de Vic-Bigorre, en date du 18 juin 1764, souligne que le curé Rivière est un accapareur et « que M. le Curé est un des plus riches particuliers de la Ville, que ses revenus sont le produit du travail et de la sueur des habitants… ». Et bé !… On est étonné que cette situation explosive n’est pas entraînée de révolte populaire. À cela, deux raisons : une structure sociale éminemment urbaine, pas de petits propriétaires, peu de traditions, pas de droit d’aînesse : le père peut déshériter ses propres enfants au profit d’un neveu et la ville est clivée entre possédants – qui seraient qualifiés aujourd’hui de capitalistes – et prolétaires. Ceux-ci sont souvent immigrés et sans pratique religieuse. Les nobles et bourgeois représentent, en 1805, 233 habitants. Ces bourgeois du XVIIe siècle ont été anoblis au XVIIIe siècle par le service dans les armées du Roi et la Cité recèle une exceptionnelle pépinière d’officiers. Ajoutons quelques nobles qui s’installent dans la cité vicquoise au XVIIIe siècle : Pasquier de Franclieu, ses deux fils et ses deux filles, Mme de Palaminy et Mme de Journet, qui achète l’hôtel portant son nom, en 1789, les Monlezun, Castelbajac, Saint-Pastou, Monet de Sombrun. Pour autant, ils ne bénéficient d’aucun privilège sinon de jouir de la capitation noble. Les professions libérales – 136 familles – médecins, chirurgiens, apothicaires, juges, avocats, huissiers, notaires, gros marchands, jouent un rôle « d’étouffoir » face aux 537 petits propriétaires, 218 laboureurs, 1151 brassiers, 108 domestiques mal logés et aux 288 habitants sans profession. À suivre…

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