Charles Despiau, le sculpteur moderne

En 1863, Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique, crée à Mont-de-Marsan un lycée pilote. Charles Despiau y fera ses études secondaires (1). Né le 4 novembre 1874 d’un père plâtrier et d’une mère aubergiste, Charles aurait dû reprendre le métier de son père. Louis Morin, chargé de la classe dessin au lycée, décèle très vite le coup de crayon de cet élève. En tant que mouleur, son père a fréquenté le milieu artistique et « il abreuve son fils d’anecdotes sur les artistes célèbres ». Charles suivra même les cours municipaux de violon ! Morin le recommande pour l’École des Arts décoratifs, à Paris, « petite école » comparée aux Beaux-Arts. À 18 ans, Charles quitte Mont-de-Marsan. La première année, Charles apprend le modelage et le dessin des animaux qu’il n’exploitera pas et le nu. Il obtient de bons résultats mais on lui reproche son manque d’imagination, au sens académique. Despiau sera un sculpteur moderne où « il se restreindra de façon drastique aux fondamentaux de son art ». Il ira à l’essentiel. En février 1895, il se présente au concours des Beaux-Arts avec succès en tant qu’élève de Barrias. Il quitte l’École la même année pour le service militaire. Il est affecté au 34e RI de Mont-de-Marsan. À son retour, ses rapports avec Barrias se dégradent : trop lent, ses compositions groupées suscitent ces paroles acerbes du maître « Vous n’arriverez à rien ». Opposé aux tenants de l’Art pour tous, il demeure « intransigeant, exigeant, élitiste ». Il est remarqué par les critiques, au Salon de 1904, avec « Petite fille des Landes ». Dès 1902, Rodin le découvre. Au Salon de 1907, la pierre de « La liseuse » lui fait proposer « Que diriez-vous de quelques coups d’outils avec moi ? ». Despiau est flatté mais ne transige pas sur ses conditions d’acceptation. Le grand maître acquiesce à tout. Il faut à tout prix lire la suite de ce magnifique ouvrage écrit après un travail considérable de recherches et une sensibilité digne de tous les éloges. Despiau décèdera en octobre 1946. Je souhaite à mes lecteurs une année 2021 pleine de joies et une santé sans virus.

  1. « Charles Despiau, classique & moderne » – Élisabeth Lebon – Éditions Atlantica – novembre  2016 – 23,90 €.

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