Prosper Mérimée, auteur de cette appellation de fantaisie, vouait une admiration secrète pour la belle Eugénie de Montijo (1). Napoléon III « s’affranchissait des convenances ». Un cancan de cour les traitait « d’aventuriers ». Avec un accent allemand venu de son exil en Suisse, il l’appelle « Ugénie ». En 1854, sur une plage déserte, elle lui fait découvrir Biarritz. Dans un style poétique, l’auteur décrit cette princesse espagnole au caractère bien trempé, sportive, « nageant et flottant avec délice dans la houle » et « ce grondement qui disait le règne de Neptune » alors que peu de femmes osaient défier la mer. Qui risquerait de se baigner à « La Barre » où deux flux antagonistes s’affrontent ? En compagnie de son mari, notre Impératrice la trouvait froide cette mer Atlantique mais voir l’étonnement ébloui d’une microcour était une récompense. Cette baignade impériale à la vue du commun, allait renforcer leur popularité auprès d’une Côte Basque acquise et des chancelleries bousculées. Autant « Loulou », sobriquet de l’Empereur, était peu disert, « Ugénie » animait sa table de Biarritz avec simplicité naturelle et vivacité d’esprit. Caroline Lampre nous entraîne avec brio dans un tourbillon de mazurkas, polkas et valses préférées de « Loulou ». La danse du quadrille des lanciers, la boulangère et le carillon de Dunkerque « firent les délices de l’Impératrice ». Aussi, la visite de la caverne de Zugarramurdi, grottes de Sarre et promenades au château de Gramont et au Pas de Roland à la suite de Michel Dihursubehère, roi des contrebandiers, « souverain des landes et des monts » qualifié de « frère » et de « cousin » par Eugénie. En 1854, le couple se rend à Notre-Dame du Refuge, fondée à Anglet par le bienheureux abbé de Cestac. Émus par la découverte de la ferme des ordres des Servantes de Marie et de saint Bernard, l’Empereur donne 1700 F. Il consultera l’abbé pour des progrès agricoles et l’implantation du pin maritime dans les Landes. Eugénie refusa un collier de 600000 F pour en donner le prix à un asile de jeunes filles basques nécessiteuses.
(1) – « Impératrice Eugénie – Madame de la Rhune» – Caroline Lampre – Éditions Atlantica – Juillet 2020 – 20 €.