2 – 1789 : Necker l’espoir de la monarchie

En cette fin d’année 1788, le personnage le plus populaire du royaume, après le Roi, est un financier suisse, plus gros et plus royaliste que le Roi lui-même. Sous l’Ancien Régime, l’embonpoint rassure, surtout en période de disette. Né d’une famille protestante du Holstein, il est venu à Paris en 1747 comme commis de banque. À 57 ans, Jacques Necker incarne les espoirs de la nation et de la monarchie. De 1777 à 1781, il a fait preuve d’une certaine habileté économique et a réussi à supprimer la corvée et la torture. Par le renflouement des caisses de l’État, son ascension financière et sociale est prodigieuse. Sa femme tient un salon des mieux fréquentés et sa plus jeune fille est la future Mme de Staël. Necker prête sur sa cassette personnelle 2 millions de livres à l’État. Ce faible, qui veut plaire à tout le monde, déplaît aux puissants et, après la banqueroute occasionnée par les dépenses de la cour, le soutien à l’indépendance américaine et les conséquences désastreuses du traité franco-anglais, doit s’en aller. Le Roi a cédé à son entourage. Rappelé le 25/08/1788, comme ministre, il est au faîte de sa popularité. Plus tard, il annoncera le doublement du Tiers État et ce sera l’explosion de joie. Puis, le peuple adorera d’autres idoles : Mirabeau, La Fayette. À nouveau, il sera renvoyé le 11/07/1789. Le 7/06/1788, le duc de Clermont-Tonnerre, lieutenant général du Dauphiné, a fait distribuer, à 8 h du matin, des lettres de cachet à tous les magistrats du Parlement du Dauphiné. À la nouvelle de cet abus d’autorité, la population de Grenoble prend les armes et se précipite sur les voitures des parlementaires pour les démonter et les enfermer dans des remises dont ils emportent les clefs. Le tocsin sonne à toutes les cloches. Le bruit court alors dans Grenoble que la misère est toute proche. Les commerces tirent leurs rideaux, la population ferme les portes de la Cité et confisque les clefs. Le peuple se dirige vers l’hôtel du commandant défendu par 300 hommes, baïonnettes aux fusils et faisant feu plusieurs fois. Mais il ne peut empêcher l’entrée de la population dans la cour. Le duc apparaît à la fenêtre, jette de l’argent et promet… À suivre… 

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