Les drogues d’apothicaire étaient fort chères. Le simple pot de tisane, qui représente la valeur d’une journée de travail, est donc inaccessible aux pauvres sans les charités de l’Hôpital. Quant au contenu des ordonnances, nous retrouvons deux des éléments de la trilogie moliéresque : purgare, saignere, clystérium donare… Seul l’opiate de kina introduit une nouveauté. Au ler janvier 1702, chez M. Carrère, apothicaire, les préparations sont les suivantes : Pour un pauvre homme nommé Lapeyrade : une médecine purgative suivant l’ordonnance = 1 livre 10 sols. À partir du 8e jour, pour une femme à l’Hôpital, une prise de poudre de rhubarbe et muscade torréfiée suivant l’ordonnance = 18 sols. À partir du 16e jour, une médecine purgative et fort composée suivant l’ordonnance = 15 sols, plus une médecine purgative suivant la même ordonnance = 1 l 10 sols, plus deux onces d’opiate de kina suivant la même ordonnance = 2 l 10 sols. À partir du 12 février, un clystère laxatif et émollient suivent l’ordonnance = 15 sols, plus une médecine purgative suivant la même ordonnance = 1 l 10 sols, plus au 20e jour, une médecine fort composée suivant l’ordonnance = 1 l 10 sols, plus un pot de tisane composée suivant l’ordonnance = 8 sols, plus une fiole sirop capillaires pesant quatre onces suivant la même ordonnance = 16 sols. À partir du 25e jour, son pot de tisane réitérée = 6 sols. Au 26e jour, sa tisane réitérée = 6 sols. Au 27e jour, son pot de tisane réitérée = 6 sols. Au 28e jour, sa tisane réitérée = 6 sols. J’ai bon espoir qu’à la fin de la purge, la dame de l’Hôpital aura retrouvé le sourire ! L’apothicaire offre « de fournir des remèdes au prix qu’il les a achetés par un principe de charité ». Ce n’est que le 21 juillet 1788, qu’on se préoccupe du problème des médicaments. On les achètera en gros : « pour éviter la dépense énorme à laquelle donnerait lieu la fourniture des remèdes tant pour les malades de l’Hôpital que pour les autres pauvres de la Ville auxquels on en fournit dans leur logement ». On s’adresse à Préville « marchand droguiste » à Tarbes, en 1789. Désormais, les apothicaires sont devenus pharmaciens de 1re classe ou de 2e classe. Merci à Joseph Verley.