55 – L’Arsenal de Tarbes : Un immense gâchis

Le 14 janvier 1999, un rapport de la Commission des finances de l’Assemblée nationale parait dans la presse locale sous la plume de Pierre Challier. Le rapporteur général est le député Didier Migaud, le rapporteur spécial est Jean-Michel Boucheron et Pierre Forgues siège dans cette instance. La décroissance du marché mondial sera forte. Destinée aux cadres, une note interne du 23 novembre 1998 fait scandale. Elle donne le mode d’emploi pour se débarrasser des arsenalistes gêneurs. Si la maîtrise est invitée à rassurer les « bons éléments », elle est encouragée à « déstabiliser humainement » ceux qui doivent partir en les dirigeant vers l’Antenne Emploi Mobilité. Celle-ci est tenue de remplir les nouveaux objectifs et de ne pas hésiter à signaler « les salariés récalcitrants ou présentant un cas difficile ou social ». Cette note de « déstabilisation humaine » choque Pierre Forgues. Le 22 janvier, à 10,35 heures, l’intersyndicale du Centre de Tarbes force la main de sa Direction et fait visiter l’établissement aux élus locaux. L’objectif est de les sensibiliser au formidable potentiel de l’entreprise, aujourd’hui menacée, et de constater de visu les ravages occasionnés par trois plans de restructuration successifs. Des ateliers vides, un Centre de recherches et d’études des technologies condamné, le malaise est palpable et l’impression d’un immense gâchis largement ressenti. Pierre Challier souligne les temps forts de cette matinée : «Les ateliers, vides pour cause de visite, s’ouvrent sur un silence de cathédrale impressionnant. Et la haute technologie qui y règne ne suffit plus à effacer le pesant sentiment d’un futur perçu depuis longtemps comme étant nié en haut lieu». Le 1er février 1999, le C.M de Tarbes s’est réuni en séance extraordinaire. Gilbert Garrot rappelle qu’en 36 années d’Arsenal, il a connu la diversification sur des projets qui ont connu leur heure de gloire : la fusée Véronique, le longeron d’Airbus, l’arbre porte hélice du paquebot France, les opérations de montage pour le grand télescope du Pic du Midi : « L’Arsenal était à la pointe de la technologie grâce aux commandes militaires qui rejaillissaient sur tout le reste ». À suivre… 

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