Le promeneur de Bayonne

C’est à un exercice d’observation et de pure écriture que s’est soumis ce diariste, élu, adjoint à la Culture. Janvier – Aux obsèques de l’ancien patron du Pont d’Enfer, à Bidarray d’où il est originaire, il se remémore : « Je vois ma mère, belle et jeune, comme je ne l’ai jamais vue, évoluant légère sur la place où le gazon dessine une crosse d’évêque. Douce et sereine régression qui permet de toucher à l’éternité des êtres ». Un jour, il croise un bayonnais, éméché, dont le nom lui échappe et qui l’apostrophe : « Il y a un truc que la municipalité doit refaire. C’est la soupe à l’ail ou à l’oignon, les matins de fêtes de Bayonne. Avec l’œuf dedans… Et il ferme ses beaux yeux, comme pour mieux goûter sa madeleine à lui ». Le promeneur évoque Léon Bonnat, le grand portraitiste bayonnais dont le président du Louvre dira : « La plus belle collection de dessins entre Paris et Madrid ». Prenant son thé matinal au Bar du Théâtre, il reconnaît Marie-Pierre, la chef qui monte entre Nive et Adour : « C’est une magicienne capable, un matin, de se lancer dans la confection de tomates farcies savoureuses si l’arrivage du maraîcher l’inspire, ou, comme hier, en dessert, de beignets aux poires qui rangent les propositions surgelées et les crèmes anglaises industrielles au rayon des vulgarités imprésentables ». Juin – Pause-café avant Estafeta : « Ce bar a beaucoup changé. C’est plus design, plus vitrifié, plus chromé, plus, plus, plus et tellement moins en vérité ». Juillet – Exposition sur le Tour de France en Pays basque. Le président Larronde rappelle la trentaine d’arrivées dont le Sable d’Olonne-Bayonne long de 400 km en 20 heures et le contre-la-montre Peyrehorade-Bayonne avec Anquetil et Poulidor. Ugalde déclare : « Aux Fêtes de Bayonne, tout peut devenir l’affaire de tous. Il suffit de passer au bon endroit au bon moment ». Noël – « Le cardinal Lavigerie en a vraiment les boules de n’avoir aucune lumière sur lui. Certes, il reste de bronze face à tout ce tintamarre mais s’en voit des croix pour exister encore dans son jardin ». Style puissant, poétique.

1 – « Le promeneur de Bayonne – Journal d’une année » – Yves Ugalde – Éditions Atlantica – avril 2019 – 16 €.

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