Le Randonneur lyrique

Rassurez-vous Jacques Verdier, «on sent dans vos écrits la sombre et douce religion de la nature» comme l’a écrit Victor Hugo (1). Ce randonneur journaliste à Midi Olympique, amoureux de la montagne, est un consultant de la chaîne RMC. J’ai beaucoup aimé ses 94 récits courts écrits dans une langue superbe. Modeste, il se défend d’être un pyrénéiste renommé. Un simple randonneur, dit-il, qui a traversé les Pyrénées, du Pays Basque à la Catalogne, avec quelques détours en Espagne. Récits forts érudits. Il relate le voyage de Stendhal aux Pyrénées, entre Bayonne et Tarbes, en avril 1838, où il note une auberge exécrable à Bayonne, la beauté de l’excellent hôtel de France, à Pau et le voyage en diligence de Pau à Tarbes aux pavés en pierres pointues, d’une durée de trois heures. Ce marcheur est sensible aux légendes du Pays Basque, du Béarn et celle de Roland, neveu de Charlemagne, attaqué par les Sarrasins au col de Ronvevaux. La roche qui se brise à Gavarnie ouvrira la Brèche de Roland. De Saint-Étienne-de-Baïgorry à Saint-Jean-Pied-de-Port, la montagne est «ronde, veloutée, imberbe» sous le soleil de juin à 37°. Le G.R 10 le conduit à Sainte-Engrâce à travers une forêt «encastrée entre deux blocs de roche, encapuchonnée par les arbres, tapissée de lianes et de racines, de ronces et d’orties qui lui donne des airs de forêt colombienne». Le col de la Pierre-Saint-Martin est noyé d’une «taie épaisse». Les sifflets multi sons, «véritable code des montagnes» l’intrigue. La forêt le fascine : «Rien de plus beau que ses passées de lumière qui traversent le bois de part en part, l’auréolent au faîte des arbres et donnent à rêver». «Odeurs d’humus, de résine, de chèvrefeuille, de framboise ou de mûre, de terre après la pluie, de bois gonflé de soleil…». Le récit vire à la poésie sylvestre. Les «floches de neige qui tombent maladroites sur des sentiers blancs». Ah ! Jacques, je vous préfère plutôt dans vos embardées lyriques sur les verts d’une vallée, Cauterets ou la veillée d’autrefois que sur le titre élogieux de la poussée d’un pack jouant à cache ballon dans les 22 adverses. Excellent livre.

  1. «Pyrénées vagabondes» – Jacques Verdier – Éditions Privat – 2018 – 16 €.

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