Oradour-sur-Glane – Récit d’un survivant

Après dix ans de recherches, l’auteur découvre un cahier d’écolier, écrit par Mathieu Borie, rescapé du massacre d’Oradour-sur-Glane (1). Ce témoignage est crucial car il précise le contexte local qui précéda le carnage de ce 10 juin 1944, à 14 h et qui va à contre-courant du discours officiel. Plus de 50 photos illustrent le récit du rescapé. Ce matin-là, le cimentier Mathieu Borie décrit le bourg d’Oradour-sur-Glane comme un village de plaisir qui va s’adonner aux grandes fêtes traditionnelles. Jeunes couples, pêcheurs, chasseurs, « tous profitaient du grand air d’Oradour et de l’air pur qui montait de la Glane ». Première révélation, la population locale craint une opération de « nettoyage ». Rumeur de bistrot, confidence collaborationniste…Oradour attendait les Allemands, la Gestapo, les collabos, mais pas les SS ! Mathieu est un minutieux, un expert en faux papiers pour les réfractaires et les camarades du maquis. À Oradour, à 14 h, il nettoie et range ses outils. Le maquisard est en éveil quand il voit passer des camions. Il veut alerter le maquis. Peine perdue, les Allemands sont partout. Les habitants sont amenés au champ de foire. Brimades, coups de pied et de cravache, les « condamnés » sont dirigés vers le hangar Laudy dans la rue principale. Il rentre le premier et se place au fond, tout contre le mur. Puis, c’est l’horreur. Mitrailleuses et mitraillettes crachent la mort. D’instinct, il se jette au sol. Blessé au côté par la mitraille, il s’enfouit sous les cadavres dont le sang le macule. Recouvert de foin et de paille, le feu est allumé par les « sauvages ». Il réussit à se dégager. Avec son couteau à cran d’arrêt, il creuse un trou dans le mur vétuste du hangar et débouche dans la grange de Thomas. Il monte au grenier sous le foin. Un SS entre, monte et craque une allumette, puis redescend. Quatre autres miraculés le rejoignent. Mathieu se dégage vers un clapier mitoyen, traverse la place du champ de foire, se dirige vers le cimetière, enjambe le mur et gagne la forêt voisine. Témoignage héroïque mais ô combien douloureux.

1 – « Oradour-sur-Glane – Un cahier inédit raconte le massacre » – Michel Baury  – Éditions Privat – avril 2018 – 16 €.

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