12 – Aux Pyrénées : D’Argelès à Luz

Léon Richard a mis 5 heures un quart pour accomplir le périple Argelès-Luz par Adast, Pierrefitte, Soulom, Chèze et Esquièze. Je me pose une question : n’aurait-il pas prisé une herbe exotique avant le trajet ? Jugeons plutôt : «On traverse le gave d’Azun : la nature s’épuise à embellir le paysage. Ce sont des tapis émaillés de fleurs, une herbe grasse, épaisse, du plus beau vert, de frais ruisseaux, des haies vives, un ciel presque toujours pur, des fabriques élégantes, un site enchanteur». Le vallon d’Argelès se termine à Pierrefitte. «Des montagnes décharnées semblent fermer le passage aux visiteurs. C’est dans ces montagnes que s’ouvrent les défilés de Barèges, de Cauterets…La vallée de Luz est plus remarquable encore par la hardiesse des ouvrages de l’homme que par la fierté des dessins de la nature. Des rochers resserrés, séparés seulement par le gave qui coule dans un précipice de trois cents pieds (100 m) de profondeur, et dont le bruit horrible vous annonce encore sa présence quand vos yeux n’en peuvent plus suivre le cours ; des montagnes qui ne vous laissent apercevoir qu’un point étroit du firmament. Ce défilé, a dit M. Ramond, qu’il faut toujours citer quand on parle des Pyrénées, est un de ces lieux privilégiés sur qui l’habitude n’a point de prise…Toujours nouveau pour le peintre, pour le poète, pour l’observateur de la nature, on le parcourt, on y revient on y demeure, et l’on ne peut pas plus le décrire que l’épuiser. Combien de fois  je l’ai contemplé, le matin, le soir, à la lueur de la lune, à la clarté du jour, drapé de neige ou paré de verdure, battu de la tempête ou éclairé d’un soleil sans nuages ! Et je m’arrête encore devant ces pics étroitement enchaînés et je m’assois devant ces tonnantes cataractes, et je savoure l’horreur de ces immenses précipices…Grande et fière nature, que n’ont pu rendre triviale ni d’insipides descriptions, ni de burlesques peintures, ni le concours même que sa célébrité lui attire ! Longtemps encore elle fera l’étonnement et les délices de l’homme de savoir et de goût ; et, quelque part que ce sentier doive le conduire, il ne passera pas outre sans saluer ici la majesté des Pyrénées». À suivre…

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