13 – Aux Pyrénées : Pierrefitte, Soulom, Luz

Léon Richard a connu dans la gorge de Pierrefitte un enthousiasme rare tempéré aussitôt par un sentiment de tristesse qui s’empare de son âme. Pourquoi ? Pour lui, ces lieux où nulle habitation, nulle culture, ne vient «vivifier la scène», transportent son imagination dans des contrées où les poètes avaient placé l’entrée du Ténare (Enfer des païens). Bigre ! Et je n’ajoute pas «les sourds mugissements du gave et le bruit du vent qui fuit avec force dans les sinuosités du précipice». Il arrive à Soulom, au pont de Villelongue, sur le gave de Barèges. Le paysage change, «le voyageur ne sait ce qu’il doit davantage admirer : le spectacle de rochers fendus, minés, ces montagnes noires, déchirées, schisteuses, ces talus de monts de toute forme ou ce travail de l’homme qui est parvenu à dompter des torrents impétueux, à les arrêter dans leur course, à tailler des routes spacieuses, unies dans le flanc des rochers, à jeter des ponts de marbre sur des gaves bondissants, à ouvrir aux voitures un chemin là où, avant 1732, on n’aperçoit que des rocs».  Chèze – Léon Richard quitte la nature tourmentée pour arriver dans le joli bassin de Luz. La vallée s’élargit, le passage devient plus gracieux. Luz est un misérable village de 2500 habitants, aux misérables maisons, écrit-il, qui fait tort au paysage où il est encadré. Il n’y voit rien de remarquable, sinon des créneaux, des embrasures, un petit tombeau découvert que l’on trouve à la porte et qui sert de bénitier : «On y voit encore une porte murée par où entraient les cagots ou goîtreux, race infortunée dont M. Ramond a recherché l’origine jusque dans la nuit des temps». Il y a plusieurs hôtels. On danse le gabarret à Luz. Sur un monticule, à l’opposé du château de Sainte-Marie, les ruines de l’Ermitage, église fondée par les Templiers. D’après M. Vaisse de Villiers, écrivain distingué, les hommes de Luz portent des capuchons bruns de laine et d’une étoffe grossière appelée cordeillat. Ces capuchons ressemblent à une espèce de manteau ou de cape de la même étoffe, accoutrement assez semblable à celui que les Esquimaux opposent au climat glacé qu’ils habitent. Ainsi, les hommes ressemblent à des ours dressés. À suivre…

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