André Boniface le magicien

J’ai dévoré ce livre (1). D’une plume documentée et subtile, l’auteur nous conte, à travers la renaissance du Stade Montois, l’épopée d’un vrai Dieu du stade : André Boniface. De 1969 à 1973, Dieu Boni aura bâti sa légende. J’avais pu apprécier le « phénomène » lors de la finale du championnat 1958-1959, à Bordeaux, perdue 3-8 contre le Racing Club de France des « monstres » François Moncla et Michel Crauste. En face : André et Guy Boniface virevoltants, insaisissables. Dix ans plus tard, le 1er janvier 1968, Guy est victime d’un accident mortel sur une petite route des Landes. André vit alors un drame épouvantable. Le rugby Montois perd son chouchou et le rugby national sa pépite créatrice, avec son frère, du « jeu à la française ». Le rugby local est au plus mal, André ne jouera plus. Les aficionados le supplient de revenir…comme entraîneur ! Début août 1969, il est là qui déclare : « Il a fallu que je retrouve mes chaussures, un survêtement et…l’envie ». Venus de Mimizan, Moliets, Contis, Hossegor, Capbreton, des touristes assistent aux trois entraînements hebdomadaires. Par grosse chaleur, le bagne. Je vous narre : 45’ de physique pur, courses et séries de 100 abdominaux, 20’ de footing, médecine-ball, haltères légers et séances de passes par centaines. Un vrai sauna pour les 25 jeunes qui adhèrent avec enthousiasme. Jean Jouglen, devenu chirurgien : « Il a amené de la lumière dans le jeu en créant un style d’entraînement qu’on n’avait pas trop vu avant ». André s’inspire du cadrage-débordement de Jean Dauger, le maître de l’Aviron bayonnais. Il crée la passe croisée, le perce-muraille. Imagination dans le jeu, évitement, gestuelle précise, élégance, obligation de relance, même depuis ses 22 m ! Un suicide clamait son président conservateur Pédarré. Plus d’avants bedonnants, il fallait courir…toujours ! L’auteur livre les témoignages d’anciens de l’équipe : Benoît Dauga, Jouglen, Nadal, Gardera, Darroze, Dumartin, Baylac, Libet, Garuet, Huici, Léglize. Tous admiratifs d’un génie du jeu en mouvement et respectueux d’un homme généreux. Lu et dévoré, je l’ai !

1 – « BONI’ 70 – Un printemps de rugby » – Olivier de Baillenx – Éditions Atlantica – mars 2018.

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