L’intimité d’un poète

«Au mois d’octobre 1900, Edmond Rostand s’installe à Cambo-les-Bains» (1). Paul Faure est né à Bordeaux en 1876 dans une famille bourgeoise et fortunée. Écrivain délicat, possédant une maison à Saint-Jean-de-Luz, il deviendra l’ami et le confident du célèbre poète. Après toutes les marques d’attachement qu’il manifesta à la famille Rostand, il parvint à convaincre la municipalité de Cambo d’acquérir le domaine d’Arnaga, en 1960. Décédé en 1968, l’historiographe est inhumé dans cette terre basque qu’il aimait tant. Edmond Rostand, Rosemonde Gérard, son épouse, et les deux enfants Maurice et Jean, s’installèrent dans la maison Etchegorria que découvrit Paul Faure lors d’une première invitation. Il fut frappé par la gentillesse des domestiques et l’accueil que lui réserva la maîtresse de maison : «Son geste d’accueil, son beau visage, son sourire, sa voix, d’elle tout est gracieux». Lors de promenades du soir, le poète aimait partager ses projets avec ce compagnon qui l’écoutait si bien. Mais c’est Rosemonde qui révèlera, peu à peu, l’âme du génial poète. Elle dévoilait ainsi l’impatience de son grand homme, son indifférence à la foule quotidienne des admirateurs, flatteurs et quémandeurs. Elle confiera à l’écrivain que sans son opiniâtre action de conseil, son mari, jamais satisfait de sa dernière œuvre, aurait laissé sombrer dans l’oubli les Cyrano, L’Aiglon, la Princesse lointaine. Les voyages à Paris par chemin de fer deviendront une corvée. Peu à peu l’évidence s’impose : Cambo-les-Bains et son climat apaisant seront le refuge propice à la création. Après des recherches obstinées, un lieu romanesque sera trouvé en 1902 : Arnaga. Six années de travaux seront conduits et fréquemment modifiés par le maître des lieux avec, en parallèle, un chantier poétique : Chantecler. L’entrée sous la Coupole du poète fut grandiose. Sa popularité devint nationale. Paul Faure nous introduit avec subtilité auprès de la famille, les amis et les personnalités qui furent reçues par Edmond Rostand. Ce dernier est décédé de la grippe espagnole le 2 décembre 1918, à Paris.

1 – «Vingt ans d’intimité avec Edmond Rostand» – Paul Faure – Éditions Atlantica – novembre 2016 – 17 €

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