4 – Aux Pyrénées : Cirques, amphithéâtres, lune et soleil

Léon Richard admire ces sortes de magnifiques cirques ou d’amphithéâtres qui forment les intervalles qui les séparent et que les habitants nomment oules. L’oule de Gavarnie est sans concurrence. Celle d’Estaubé, beaucoup plus développée, est «moins remarquable». Celle qui les surpasse, c’est l’oule d’Héas. Lorsque l’on atteint le plateau de Troumouse, avançant vers le cirque majestueux, les deux chaînes ont une blancheur qui contraste fortement avec le ton rembruni des murailles qui les accompagnent. Léon Richard décrit avec lyrisme l’enceinte de Troumouse – 900 m de haut, 7792 m de circuit – qui réunit les deux branches du croissant : «chargée de glace, hérissée d’aiguilles, sillonnée de profondes déchirures d’où s’écoulent des torrents de ruines, elle maintient, par la fierté de ses formes, l’espèce de prééminence que lui assure sa situation seule. L’air est libre, le ciel ouvert, la terre parée de verdure ; de nombreux troupeaux s’égarent dans cette étendue dont ils ont peine à trouver les limites. Trois millions d’hommes ne la rempliraient pas ; dix millions auraient place sur son amphithéâtre : et ce superbe cirque se trouve, à la crête des Pyrénées, à 1800 m d’élévation et au fond d’une gorge hideuse où le voyageur se glisse en tremblant le long d’un misérable sentier dérobé aux précipices». Et bé, Léon, tu me fous la chair de poule ! Il a grimpé au Pimené, au Mont-Perdu, au Cylindre, au Marboré. Il cite Ramond qui recommande de voir les tours et les créneaux, pas séparés, de loin, mais de près, ensemble. Il faut dominer ces vallées, ces cirques, ces amphithéâtres et les sources des longues cascades. «C’est dans les gorges tortueuses qu’il faut voir la lune épandre sa lumière empruntée, projeter des ombres douteuses sur les sommets couverts de neige, autour de pics entrouverts et noircis par la foudre… Qui pourrait saisir les nuances infinies produites par le soleil penchant vers son déclin, peignant le bord des nuages de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ? Qui pourrait décrire ce mélange de lumière et d’obscurité s’épaississant du fond des précipices jusqu’aux cimes les plus élevées, voile tout et dérobe enfin la forme des objets ?». À suivre…

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