3 – Aux Pyrénées : Gaves, torrents, corniches et ponts

Léon Richard poursuit sa description de la géographie pyrénéenne avec les gaves ou torrents, les corniches et les ponts. Il note que c’est au «fameux» Polard que l’on doit le projet de la route prolongée depuis Pierrefitte jusqu’à Barèges ainsi que la plupart des ponts. Ces travaux et ceux de la vallée de Cauterets, commencés sous l’intendance de M. de la Bauve, furent poursuivis sous celle de M. d’Etigny. Le pont d’Enfer, voisin de Pierrefitte, est le plus imposant de cette gorge, déclare M. Dussault, non moins importante que celle de Gavarnie qui reçoit les torrents qui la dévastent. Le nom d’Enfer lui fut donné «à cause de la profondeur et des formes redoutables de l’abîme sur lequel il fut jeté. On s’arrête malgré soi sur ce monument de l’audace humaine. L’esprit y reste partagé entre l’art et la nature. On ne sait qu’y admirer le plus, du projet ou de l’exécution». Les montagnards ne se mirent aux premiers travaux qu’à regret, exécutés par des maîtres et par corvées. Ceux de la vallée de Gavarnie s’engagèrent volontiers pour eux-mêmes. L’hiver, ces nouveaux colons tombaient, faute de rebords, de 160 m à 200 m de hauteur sur les rochers du gave lorsqu’ils voulaient aller à Luz ou Barèges ou descendre dans la plaine. Connaissant les travaux forcés de leurs pères, dans un élan généreux, ils exécutèrent en peu de temps des corniches ou banquettes. Léon Richard était admiratif devant ces infatigables et patients montagnards qui faisaient des ponts et des corniches aux formes diverses, le long de la vallée de Gavarnie, en gardant uniquement à l’esprit, l’utile : «Profitant de tout, ne dérangeant rien sans nécessité, ils n’ont fait que suppléer aux ébauches de la nature, mère des arts, qui en est le grand exemplaire et les a tous indiqués. Le sol variant toujours, le gave étant plus ou moins accessible, un pont chez eux ne ressemble jamais à l’autre. Tantôt sans égard à la symétrie, des rochers adhérents servent de piles ou de culées ; tantôt une demi-arche, exécutée à peu de frais, aboutit contre la pointe d’une pointe recourbée ; et ce pont, presque tout entier de fabrique naturelle, plaît autant par son effet pittoresque que par sa singularité». À suivre…

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