La main nue

«La pelote est basque mais aussi universelle» (1). De tout temps, l’homme et la femme ont pratiqué des jeux de balle. Chez les Égyptiens, chez les Grecs (la sphérique), les balles en peau étaient bourrées de crin ou de paille, chez les Romains, on joue au (pila), chez les Aztèques, le (tlachtli) surprend les Espagnols lorsqu’ils débarquent, fin XVe siècle. Au Moyen Âge, en France, c’est la longue paume. En 1929, l’écrivain Édouard Blazy aborde la pelote sous tous ses aspects. Il est rare qu’un jeu «énonce la qualité essentielle d’un peuple et le définisse parfaitement». En Euskual herria, «la pelote est au sport ce que le chant est à la musique : simplement naturelle». L’auteur énumère les rois qui pratiquèrent le «jeu à la main». En 1540, François Ier défie le célèbre sculpteur Benvenuto Cellini au trinquet de Fontainebleau. Henri IV était considéré comme un «chicanier» qui n’obéissait pas aux décisions de l’arbitre-paumier. Les paysans, les ouvriers, les «vilains» jouaient sans protection – jeu de mains, jeu de vilains – alors que nobles, bourgeois et artisans frappaient la balle avec un gant de cuir protégeant ainsi leurs mains. Pampi Laduche, grand joueur devenu spécialiste des pansements, l’affirme : «Mes mains m’ont paru souvent être en cristal». Cet ouvrage est passionnant, même pour un non Basque. La pratique de ce sport sans artifice demande des qualités morales et physiques au-dessus de la moyenne. Aujourd’hui, 1000 pratiquants tentent de cumuler «agilité, adresse, force, stratégie, intelligence, positionnement, fluidité, amplitude, rapidité, anticipation» pour devenir Indépendants, antichambre d’un professionnalisme qui a du mal à se développer. J’ai bien connu le mur à gauche d’Irissarry, devenu trinquet en 2014, où j’affrontai en parties échevelées mon cousin Pettan Elissalde, champion de France Junior en 1957. Mes mains de bureaucrate manquaient d’écorce et souffraient de «clous» face à la puissance des bras d’un gagnant, futur maître bottier. Un ouvrage de référence sur l’histoire de la pelote à main nue soutenu par de superbes photos.

1 – «La main nue» – Texte Roland Machenaud, photos Kepa Etchandy – Éditions Atlantica – juillet 2015 – 18 €

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