«Je ne me laisse pas dominer par le désespoir, car j’ai, ce qui chez les autres est une faiblesse, la colère que j’estime une force, car elle m’énerve au point de devenir presque orgueilleux et c’est cela qui me fait simplement fier et digne, n’admettant point la moindre offense, surtout quand je suis le plus anéanti» (1). Voici une confidence faite à Norbert Rosapelly, un ami vicquois, au mois de mai 1888. Edmond Desca est né à Vic-en-Bigorre, le 16 novembre 1855, à 14 heures, un jour d’orage. Éclairs prémonitoires d’un talent hors norme ? Apprentissage chez le maître marbrier Géruzet et le professeur de dessin Maurice Journès, à Bagnères-de-Bigorre. Puis, rencontre avec le statuaire Henri Nelli, à Tarbes. Petit test pour l’apprenti : 12 têtes de lion plantées autour de la fontaine Montaut : Concluant. À 19 ans, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris. Comment vit-il ? Par la grâce d’une petite pension annuelle de 300 F, soit 1071 € d’aujourd’hui. Première épreuve, en 1881, le «Chasseur d’aigle». Puis, tout s’enchaîne : «L’Ouragan» devant le Musée Massey (1883), «On Veille» (1885) à Nancy, «Revanche» (1887) à Vic-en-Bigorre, «1792 ou Danton» et la «Fontaine des Quatre-Vallées» à Tarbes, avec Jean Escoula et Louis Mathet, «Salut noble Béarn, Salut ô mon pays natal» devant le parc Beaumont, à Pau. Une dizaine d’œuvres plus tard, récompensées par la Légion d’Honneur (1899), sortent du ciseau de l’artiste des pièces majeures : «Jean de La Fontaine» (1911), «La mort du lion» (1912) et «Hector Berlioz» (1913), à Paris, «La lutte pour la vie» (1914) à Vic-en-Bigorre et «L’Immortelle» (1916) exposée aujourd’hui à la Médiathèque intercommunale de Vic-en-Bigorre. Alice Honorine Desca-Gruilé, lithographe et peintre parisienne reconnue, sa femme, son égérie, lui aura fidèlement servi de modèle. Sa colère tenace : «C’est toute la richesse que j’ai reçue en venant au monde. Je la traduis, tant bien que mal, dans mes œuvres, mais qu’importe, on sent tout de même toute ma franchise et l’indomptable que je possède».

1 – Conférence de Claude Larronde sur l’œuvre d’Edmond Desca,  le 27 janvier 2018 – Médiathèque de la Communauté des Communes Adour-Madiran, à Vic-en-Bigorre.