Aliénor d’Aquitaine

En 1204, au crépuscule de sa vie, Aliénor d’Aquitaine, Reine de France et d’Angleterre, comtesse du Poitou, d’Anjou, du Maine et de la Touraine, duchesse d’Aquitaine, de Gascogne et de Normandie, prend sa plus belle plume pour rédiger son autobiographie (1). En 400 pages, l’auteur présente la chronique d’une féministe pour les uns, d’une femme dépravée pour les autres, qui incarne une Reine dont l’obsession sera d’être libre : «libre de penser, libre d’agir, libre de gouverner, libre d’être ce qu’elle est, une femme qui se sait être l’égale de l’homme». Son grand-père est Guillaume IX, duc d’Aquitaine et de Gascogne, plus connu sous le nom de Guillaume de Troubadour. Née au château de Belin, près Bordeaux ou à Nieul-sur-l’Autise, en Vendée, on la prénomme Aliénor, version occitane d’Éléonore. Ce grand-père Troubadour, chéri par Aliénor, réussit le tour de force de répudier sa femme Philippa, prendre une maîtresse répondant au doux prénom de Dangerosa et de marier son fils Guillaume X à Aénor, fille de sa maîtresse. La brune Aliénor aux yeux verts et au visage de satin blanc naitra de ce couple, en 1124, suivie d’une Pétronille, deux ans plus tard. Si le père soigne sa force et ses joutes, sa fille Aliénor cultive son esprit et les bonnes manières. Après la mort du père sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en 1137, la ravissante princesse innove, choque et séduit la cour. En 1131, le roi Louis VI le Gros décède. Aliénor sait alors que son fils, futur Louis VII, l’épousera car, ainsi, le duché d’Aquitaine tombait dans l’escarcelle royale. Le 25 juillet 1137, la cathédrale Saint-André de Bordeaux est éclairée par «mille et un cierges parfumés à la rose». Aliénor d’Aquitaine et Louis de France étincellent dans leurs brocarts. Mgr l’Archevêque leur présente la croix à baiser et les bénit. La réception et le festin au palais de l’Ombrière devant toute la noblesse d’Aquitaine et d’Ile-de-France furent inoubliables. Le destin prodigieux d’Aliénor se dessinait… Elle deviendra reine d’Angleterre, en 1154, et aura dix enfants. Récit précis, bien documenté, très agréable.

1 – «Aliénor d’Aquitaine» – Éric Leclercq – Éditions Gascogne – septembre 2015 – 20 €

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