L’abnégation et le courage des hommes sans souliers qui battent retraite depuis des mois sur les terrains les plus escarpés et dont les souffrances corporelles et le sang sont le lot quotidien, sont admirables. Les désertions se multiplient tous les jours. Le 30 mars, le temps est mauvais et la Garonne a beaucoup grossi. Le 31 mars, Wellington fait jeter un pont sur la Garonne, face au village de Pinsaguel, et, dès 4 h, ses troupes y défilent jusqu’à midi. Selon le Mal, 15 à 20000 hommes d’infanterie, 2500 chevaux et 20 canons y sont passés. Le 2 avril 1814, Soult ordonne que l’on mette en défense la ville, sur la rive droite de la Garonne. Une vaste réquisition est mise en place : hommes, bois, charbon, fers, outillages, tous matériaux et matériels utiles. Le lendemain, les emplacements des pièces de gros calibre, stockées à l’Arsenal de Toulouse, sont soigneusement définis ainsi que la position des troupes chargées de défendre les secteurs les plus sensibles. Wellington établit son quartier général à Saint-Jory. Il encercle la ville rose aux trois-quarts et occupe la Garonne sur les deux rives. Les courriers des 6 et 7 avril, envoyés au Mal par le Gouvernement provisoire, n’arriveront à temps pour éviter la bataille. Soult sait que les coalisés sont entrés dans Paris. Le Mal Berthier, Major général des Armées, l’a informé qu’un armistice a été signé à Fontainebleau mais pas un mot sur l’abdication de l’Empereur qui a eu lieu le 6 avril. Le colonel Saint-Simon, envoyé spécial et porteur de la nouvelle capitale pour la poursuite de la guerre, n’arrivera que le 13 avril. La route de Montauban étant coupée, il a fallu se détourner par Narbonne et Carcassonne. Wellington n’est guère mieux renseigné et l’histoire ne pourra retenir la préméditation d’un combat supplémentaire et inutile, accusation virulente dont les historiens des deux camps ne manqueront pas de les accabler. Soult adresse un rapport laconique à Clarke. Il regrette le manque d’ardeur du général Taupin entraînant sa mort héroïque au champ d’honneur et la chute des redoutes du Calvinet. Il félicite tous les officiers qui se sont battus avec une vaillance rageuse qui force le respect. À suivre…