L’escroc Stavisky

L’affaire Stavisky fut l’un des plus grands scandales financiers du XXe siècle (1). Sacha-Alexandre Stavisky est né le 20/11/1886 à Slobodka, province de Kiev. Emmanuel, son père, émigré juif, vient s’installer comme dentiste à Paris, en 1890. Sacha fait des études médiocres au lycée Condorcet qu’il quitte à 16 ans. Garçon frêle, cheveux noirs ondulés, peau molle et blanche, cils, yeux et mains de fille, il croit ressentir une vocation artistique. Son père n’étant pas diplômé de la Faculté de Paris, «il doit courir après les clients faisant des prix au rabais». Sa mère a été belle et reporte sur son fils tout son amour. Un jour, deux lingots d’or disparaissent, on soupçonne la femme de ménage. Sacha avoue le vol à son père : «Il me ruinera, ce petit foyou !». Il teste son talent dans un beuglant des Ternes; c’est un échec. Il préfère «se faufiler dans le cabinet directorial des Folies-Marigny», théâtre d’hiver qui ouvrira l’été. Il demande 12000 F à tous les candidats du tour de chant. À peine née, l’aventure tourne court. Le 22/04/1925, commence la véritable carrière d’Alexandre-Serge Stavisky. «De piètre margoulin de l’escroquerie qu’il était, il va devenir grand forban des affaires». Il comprend que les consciences sont à vendre à condition d’y mettre le prix. Les rapports de police notent «Individu de moralité douteuse exploitant les passions des dames mûres et vivant à leurs crochets». La mécanique de l’escroquerie en tous genres est bien huilée : bijoux, voitures, chèques, actions…tout ce qu’il vend est falsifié. À 40 ans, il tombe amoureux d’Arlette, ancien mannequin chez Coco Chanel, et l’épouse en 1928. Train de vie luxueux et volupté. En décembre 1933, une dernière affaire portant sur des bons d’emprunt émis par le Crédit municipal de Bayonne entraînera la chute du beau Sacha. Maxime Sadron, humble fonctionnaire du Trésor Public, surveillant de la comptabilité du Crédit municipal des rives de l’Adour, découvre que le volume des prêts accordés, depuis 1932, devient inquiétant… Une enquête haletante digne du meilleur roman policier. Je recommande.

«L’affaire Stavisky» – Jean-Michel Charlier/Marcel Montarron – Édition Atlantica – Juin 2017 – 21 €

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