Edmond Desca. Trois adjectifs synonymes le définissent : volontaire, déterminé, opiniâtre (1). Le labeur ne lui fait pas peur : glaise, terre cuite, bronze, pierre, marbre, ne représente pour lui qu’une lutte farouche contre le temps et les matériaux à dompter. Le jugement sur l’homme ne souffre pas la demi-mesure : perfectionniste, ambitieux, orgueilleux, avide de gloire, sensible, jaloux de ses amis et confrères, obsédé par son œuvre. Mais aussi généreux, fidèle à son épouse, l’artiste peintre Alice Honorine Gruilé, son égérie qui lui sert de modèle. Un patriotisme à fleur de peau inspire sa trajectoire, la rage de vaincre les formes, les «tripes» de ce personnage le rendent aussi sympathique que peut l’être ce génial tourmenté. Quelques pièces majeures : «Revanche» à Vic-en-Bigorre, «1792» appelée «Danton», «Les Torrents» et les animaux de la fontaine du Marcadieu, à Tarbes, «La lutte pour la vie» et «L’Immortelle», aujourd’hui, à Vic-en-Bigorre. Pourquoi cette femme pleure-t-elle sur les malheurs de notre pays ? En 1916, le patriote Desca souffre beaucoup du récit de la féroce boucherie de Verdun où les vagues ennemies de fer et de feu s’abattent sur nos Poilus. Pour que l’immortalité de la France soit comprise par les visiteurs, il sculpte cette fleur jaune de nos contrées qui ne fane pas après la cueillette. Depuis l’Antiquité, elle est utilisée contre les hématomes, les brûlures et les rhumes. En 1914-1918, son odeur sert à purifier l’air des hôpitaux de campagne et ce n’est que récemment, par les crèmes et les huiles essentielles, que l’on redécouvre ses innombrables autres vertus médicinales. Donc, elle porte bien son nom…L’Immortelle. La symbolique de cette dernière œuvre, inconnue des Bigourdans, est éclaircie. La ville de Paris, sollicitée par Alice Desca, l’achète pour 7000 F – 11385 € d’aujourd’hui – après le décès de son mari, le 24 juin 1918, à l’âge de 63 ans. «L’Immortelle» sera placée au Petit-Palais, en 1921, puis au Dépôt d’Auteuil, en 1948, enfin au Dépôt des Œuvres d’Art de la ville de Paris, à Ivry, en 1976. Amoureux de l’Art, une petite visite s’impose…
(1) «L’Immortelle» – Edmond Desca – Exposition – Médiathèque de Vic-en-Bigorre.