Historiens et origines du Béarn

Orthez ou Lescar ? Quatre siècles de débat pour retrouver la localisation précise de l’antique Beneharnum (1). Le récit des «fors» accordés en 1188, «présentait une version édulcorée de cette histoire pour cacher la situation d’un Béarn qui était passé dans la vassalité du royaume d’Aragon suite à la Reconquista». Une légende fut forgée. Charles Martel ayant vaincu les Sarrasins avec l’aide des Bernois, il les remercia en leur donnant la terre de Béarn avec les dîmes. République sans roi, la mythique Berne pouvait «ressembler» au Béarn tant le mythe bernois satisfaisait les vicomtes de Béarn dans leur revendication d’une souveraineté béarnaise qui les éloignait de la tutelle française. En 1545, Antonius Nebrissensis, historien espagnol, «dévoile l’existence d’une cité nommée Beneharnum» située en Béarn. En 1575, François de Belleforest réfute le mythe bernois sans convaincre. Joseph Juste Scaliger est le premier à rechercher la localisation de Beneharnum et croit que la cité des Béarnais est à Orthez et l’évêché à Lescar. Pourtant la règle générale voudrait que le lieu administratif et le siège de l’évêché se confondent. Pour preuve, assène-t-il : «L’Itinéraire d’Antonin» (IIIe siècle) le prouve ! Querelle de kilométrage. L’Université protestante d’Orthez approuve. Le professeur de théologie Lambert Daneau propose un écriteau décrivant «la source de la ville» sur le portail de l’horloge de la Cité. Accepté, avec les louanges de Jeanne d’Albret, reine de Navarre. Orthez veut détrôner Morlaàs, première capitale, aux États de Béarn. En 1620, Pierre de Marca va dans le sens des revendications du clergé catholique en approuvant la continuité du siège de l’évêché et l’emplacement du vrai Beneharnum…à Lescar. Les controverses, spéculations, polémiques, vont bon train : François de Lavie, Arnaut d’Oihenart, Louis Batcave, Faget de Baure, Planté, Grosclaude. Peu à peu, la «longue marche lescarienne s’impose à Orthez». L’auteur conclut cet excellent ouvrage : «Menée depuis le XVIe siècle, cette recherche n’est-elle pas condamnée à rester vaine…».

(1)«Beneharnum – Les historiens et les origines du Béarn» – Thierry Issartel – Nouvelles Éditions Louis Rabier – 15 €.

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