La « souveraineté » de la Vicomté de Béarn

Pour achever l’unité territoriale du royaume, Louis XIII annexe, le 20 octobre 1620, l’une des dernières principautés : la vicomté de Béarn (1). Historien médiéviste reconnu, Pierre Tucoo-Chala nous entraîne dans une chronologie fouillée pour l’analyse de documents anciens, disparus pour la plupart. La vicomté du Béarn est née au milieu du IXe siècle. Sa « souveraineté » maintes fois affirmée, proclamée même, est âprement discutée par les historiens et semble n’être pas encore définitivement résolue. À travers les siècles, les seigneurs de Béarn prétendent être les maîtres d’un « franc-alleu » (héritage libre de tous devoirs féodaux). Cette affirmation entraînera « de véritables passions partisanes ». L’auteur a recherché dans le Midi de la France les ouvrages qui évoquent cette « souveraineté » du Béarn, dès le Moyen Âge, donc une « autorité suprême à portée absolue ou une autorité simple à portée relative ». « Souveraineté », peut-être, mais vassalité, certaine envers les ducs de Gascogne (IXe-milieu du XIIe), puis les rois d’Aragon (1180-1214), les rois d’Angleterre (1270-1290) et (1310-1320). À la fin de la guerre de Cent ans, le Béarn est vassal du roi de France en sa qualité de comte de Foix et indépendant et « souverain » en sa qualité de vicomte de Béarn. Au XVIe, les vicomtes béarnais, devenus rois de Navarre, sont pris entre les mors d’un étau : Navarre (Espagne) et France. En 1512, les juristes du Roi préparent l’annexion mais les États de Béarn, « travaillés » par les Protestants, résistent jusqu’à la réunion au royaume de France, en 1620. Les « Fors » (XIIe) ne sont pas étrangers au sentiment « nationaliste » puissant des Béarnais qui « s’exacerbera quand le pays sera gagné par la Réforme ». « Souveraineté » discutable mais indépendance certaine, voir les documents et indexes, en fin d’ouvrage. Pierre Tucoo-Chala, décédé en janvier 2015, que j’ai rencontré par l’intermédiaire du regretté Marcel Derosier, Pdt de la Société Académique des H.P, était venu présenter aux Tarbais le prince Gaston Fébus, en 1982.

(1) « La Vicomté du Béarn et le problème de sa souveraineté » de Pierre Tucoo-Chala – Nouvelles Éditions Louis Rabier – mai 2016 – 20 €.

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