Lire cet ouvrage, surtout dans sa partie concentrationnaire, c’est recevoir plusieurs coups de poing à l’estomac (1). Pierre Provost est né en 1895 d’un père maréchal-ferrant et d’une mère couturière. Sous l’influence de son père, Pierre quitte l’école privée pour l’école communale, laïque, en 1908. En forêt de Marly, il assiste à la fabrication de grandes roues pour les fardiers de transport des arbres abattus. Son oncle maternel, revenu d’Algérie, excelle dans le cintrage des roues d’acacia. Il a été frère-compagnon chez les Compagnons du devoir et de la Liberté. À 12 ans, certificat d’études primaires en poche, Pierre s’engage pour 3 ans, sans rémunération, dans divers ateliers de mécanique, serrurerie, chaudronnerie, charpente fer et bois. L’éducation sociale, mutualiste et philosophique inculquée exalte qualités et travail de l’homme. À 15 ans, Pierrot Bon Cœur, casquette et foulard au vent, réalise les grilles des balcons parisiens, trace les épures des poutres et des rampes du métro Opéra. En 1914, on lui demande de fabriquer des tampons pour la caserne puis on le désigne pour construire un pont et un rail pour la boucle du Niger. Il s’initie aux pratiques des forgerons des villages de là-bas. Entre les deux guerres, il devient chef d’un atelier de 140 ouvriers. En 1938, il travaille chez Hispano-Suiza et adhère à « Paix et Liberté ». Il fabrique de faux tampons pour les évadés vers l’Espagne. En 1939, il est réserviste et se fait démobiliser à Lourdes dans un régiment régulier pour rejoindre sa femme Raymonde et son fils Roger, né en 1924. En 1941, il est arrêté par la police française de Vichy, emmené au poste d’Asnières d’où il s’évade après trois jours. Mai 1943, il entre aux Francs-tireurs et partisans français. Le 27 juillet, il est arrêté avec sa femme, pour son activité et emmené au siège de la Gestapo, rue des Saussaies. Il réussit à innocenter son épouse mais il doit dévoiler le matériel qu’il a caché dans un puits de la cour, chez lui, et remettre les fausses cartes, estampillées du tampon de Lourdes. À suivre.
- « Mémoire gravée – Pierre Provost – Buchenwald 1944-1945 » de Gisèle Provost – Éditions Loubatières – mai 2016 – 23 €.