L’abbé Louis-Édouard Cestac est ordonné prêtre, en décembre 1825 (1). Le jour de son ordination, il conclut un pacte avec Marie : « Très sainte Vierge, je vous offre avec mes mains, mon cœur, toute ma personne ». À partir d’avril 1827, il devient le directeur spirituel de sa jeune sœur Élise qui a 16 ans. Nommé vicaire à la cathédrale de Bayonne, l’abbé entre en fonction en août 1831 jusqu’en janvier 1850. Certains auteurs ont dit qu’il avait abandonné les « spéculations philosophiques et théologiques. Non, il se consacre, désormais, à un apostolat plus concret ». À partir de 1833, à la vue de jeunes filles de 11 à 14 ans « vêtues de haillons et un panier sous le bras, ramasse des copeaux dans les chantiers des charpentiers, des os dans les campagnes, exposées à tous les dangers et à tous les malheurs », il forme le dessein de se charger de ces enfants. Il décrit à François Balasque, maire de Bayonne, la situation de ces orphelines de père ou mère « pieds ou jambes nus, vêtus de lambeaux sales et dégoûtants » destinées à une précoce prostitution. Il leur trouve une chambre pour les accueillir au Grand-Paradis. Ces orphelines de Marie recevront une première instruction religieuse et profane pour une réinsertion dans la société. Pour les plus grandes « Pénitentes », il les établira à Anglet. Elles auront des activités maraîchères et agricoles et le blanchissage du linge de la garnison de Bayonne. Il achète la grande maison Chateauneuf pour 38000 F qui s’intitulera Notre-Dame du Refuge, dès 1839. Débuts et vie matérielle difficiles. La misère populaire est tragique, les entrées se multiplient. Il n’a pas de visions de la sainte Vierge mais « des appels intérieurs » impérieux. Le bon Père est un administrateur incomparable du domaine agricole. Ses voyages professionnels, ses relations avec les Servantes de Marie, les évêques, le couple impérial, ses lettres aux plus humbles, témoignent d’un parcours héroïque. Bilan de l’abbé mort en 1868 : 900 Servantes de Marie, 150 maisons (écoles, orphelinats) dans plusieurs départements, en Espagne. Un récit poignant, puissant.
(1) « Louis-Édouard Cestac » – Yves Chiron – Biographie – Éditions Artège – avril 2012 – 18,90 €.