19 – Bertrand Barère : La culture de son temps

Si André Chénier qualifiait Barère de « plus savant des sept cents bélitres de la Convention », l’historienne Maïté Bouyssy qui publia une thèse de doctorat sur le Conventionnel, affirme que « Savant, Barère ne le fut pas, car tout comme Robespierre et les jeunes gens qui sortaient des collèges d’Ancien Régime, il n’avait aucune culture scientifique mais avait un rapport intime à la culture de son temps : celle de la République des lettres». Et ajoute que la culture humaniste des collèges avait fait croire à l’opinion publique que « les gens de la Révolution vivaient plus près des Grecs et des Romains que de leurs contemporains. Très répandue, cette conviction est erronée, et tout particulièrement dans le cas de Barère qui ne cite l’Antiquité que rarement…». Bon, d’accord. Mais Barère, précise-t-elle, lisait et traduisait des textes italiens ou anglais quand il avait un besoin financier ou, simplement, une curiosité intellectuelle. Ne pas oublier qu’il maniait couramment le gascon de Tarbes ou de Toulouse, langues vernaculaires moins prestigieuses, certes, mais bien utiles. La culture des lettres fut pour lui « une compétence, un outil et un plaisir ». Il pratiqua aussi la rhétorique avec « passion ». Ajoutez à cela « une formation doublée de la formidable volonté de convaincre et de séduire ». L’historienne précise que même sous la Terreur « il comprenait l’attente de l’auditoire au point de se faire applaudir par les tribunes de la Convention, le peuple des sections de Paris venait là comme au spectacle pour s’informer, applaudir, protester ou soutenir, alors qu’il présentait sur des sujets conflictuels la ligne du Comité de Salut Public qui n’était pas toujours celle que ce même peuple de Paris avait votée aux Jacobins ». Ayant appris le droit à Toulouse, il fut sensible au droit romain. Son intérêt pour la philanthropie était manifeste, à savoir défendre gratuitement l’indigence, et « savoir aller jusqu’au paroxysme de la déréliction en plaidant la cause d’une fille ouvrière du textile accusée d’infanticide ». Il admirait la figure de Montesquieu dont la pensée accompagna sa vie et envoya à l’Académie de Bordeaux trois textes pour son éloge. À suivre.

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