20 – Bertrand Barère : Le Mémorialiste

Pour l’historienne Maïté Bouyssy, Bertrand Barère possède une volonté réfléchie de se faire Mémorialiste. D’abord, le journal « Le Point du Jour » qu’il rédige dès le début de la Constituante jusqu’aux nombreux carnets des « Senilia » depuis son exil belge, après 1815. C’est « par ce néolatinisme de son invention qu’il baptisa ses anecdotes, souvenirs, études, traits, maximes, essais, pensées, épigrammes et réflexions diverses » précise l’historienne. Ses documents : 30000 feuillets ont été versés aux Archives départementales des H.P, à Tarbes. L’Assemblée constituante « fonctionna comme une première république d’avocats » qui recherchait une compétence de juriste pour des questions diverses et ardues telles que le domaine royal, les forêts domaniales, les prisons, les hôpitaux, etc. Barère montra tout son savoir-faire en sachant mêler technicité et émotion. « Il joua très tôt sur les ressorts de l’émotion commune, dramatisant l’annonce de la mort de Mirabeau ou faisant voter dans les pleurs une pension à la compagne de Rousseau ». Toujours le mieux élu au Comité de Salut Public, notre académicien des Jeux Floraux « s’appliquait à faire fonctionner des compromis entre la Plaine et la Montagne ». Grande visibilité au procès du Roi qu’il présida, récits enflammés prononcés à la tribune de la Convention sous la « grande Terreur », Barère se justifia ainsi : « S’évader des soucis de l’heure ». L’historienne croit à une morale de l’action : j’agis parce que tu agis, soit une impossibilité de faire autrement. Barère ne s’étant jamais défini comme un « philosophe moral », Maïté Bouyssy le pense comme un possible « Rousseau du ruisseau ». Lui, revendiquait obstinément sa qualité de « représentant du peuple » comme une posture la plus flatteuse pour lui. Sa voix « celle qui tonne et séduit les tribunes » lui fit gagner le surnom « d’Anacréon de la guillotine ». On le qualifia d’irresponsable et d’insouciant alors que le communicateur politique avait une claire conscience de l’importance du ton, en politique. « L’orateur joue sur le poids des mots, amplifie les usages, code un sens ». C’est à ce titre qu’il fut l’éternel rapporteur du Comité de Salut Public. À suivre.

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