L’actualisation de l’ouvrage « Le Canal du Midi », paru en 2012, est absolument réussie. Pour les textes, quatre auteurs architecte, professeurs, historiens du sujet + un photographe aux images sublimes qui justifient pleinement le classement du chef-d’œuvre liquide à l’UNESCO, en 1996 (1). Trois parties : l’histoire du canal du Midi qui précise les personnages, les dates et lieux, anciennes photos et beaux dessins en couleur tirés des Archives du Canal; le canal du Midi, une œuvre de génie civil conquise par la nature; le Canal, entre économie et culture. Ouvert par Pierre Paul Riquet en 14 ans (1667-1681), les ultimes évolutions se firent en 1975. Aujourd’hui, 300 personnes y sont employées par Voies navigables de France. Au début des travaux, 2000 travailleurs. L’effectif grimpera jusqu’à 12000 « têtes » hommes et femmes. Pour le salaire, un homme = trois femmes, soit 10 livres/mois. Les détails techniques foisonnent et expliquent l’engouement de Colbert et Vauban pour ce chantier « romain » ! Une centaine d’écluses de 30,50 m avec des parois latérales (bajoyers) ovales, des aqueducs, ponts-canaux, ponts-viaducs, épanchoirs, déversoirs, maisons éclusières, de l’ingénieur, du contrôleur et du receveur, de Toulouse à l’étang de Thau (240 km). Pour un coût de 17 millions de Livres dont 2 au compte de Riquet qui mourra ruiné et ses descendants : Caraman et Bonrepos. En 1792, l’État exproprie les premiers qui émigrent. En 1808, Napoléon Ier vend les parts de l’État et les Bonrepos en retrouveront le tiers. À la fin du XVIIIe « les glaïeuls et iris au ras de l’eau, sur les berges et peupliers sur les francs-bords sont les marqueurs du Canal ». Puis on planta des acacias, ormes pour le bois, oliviers, frênes, saules et mûriers pour les vers à soie. Des chênes aussi et le platane, sur Toulouse, dès 1764. Véritables cathédrales végétales atteintes par le chancre coloré, les platanes ont dû être abattus en 2011. Un beau livre album qu’il faut lire et relire.
(1) «Le canal du Midi, patrimoine culturel, patrimoine naturel» – Robert Marconis, Jean-Loup Marfaing, Jean-Christophe Sanchez, Samuel Vannier, photos Julien Gieules – Éditions Loubatières – mars 2016 – 29 €.