Le barreur en culottes courtes

Étonnant destin que celui de Noël Vandernotte dit « Nono » (1). Sélectionné à 12 ans et demi pour participer aux jeux olympiques de Berlin, en 1936, il est « haut comme trois pommes et léger comme une plume ». Benjamin de l’équipe tricolore, il ramènera d’Allemagne deux splendides médailles de bronze. C’est en famille que le petit « Nono » au contact de son père Henri et de ses oncles Fernand et Marcel, apprend les rudiments et les secrets de la pratique si difficile de l’aviron. Choisi comme barreur, il devient très vite une référence au sein du quatre barré du Cercle d’aviron de Nantes, qui s’entraîne d’arrache-pied sur le cours de l’Erdre, affluent de la Loire. « Nono » est né à Anglet, dans les Basses-Pyrénées, le 23 décembre 1923. L’Allemagne a beaucoup de difficultés pour payer les 132 milliards de Marks or de sa dette de guerre. Raymond Poincaré, agacé par les retards répétés, fait occuper la Rhur et exploiter les mines de charbon au profit de la France. Les discours anti-français du « Führer » se multiplient et le chancelier jure d’effacer par le combat le « Diktat » de Versailles. C’est dans cette ambiance, que « Nono » arrive à Berlin, en juillet 1936, avec l’équipe de France après 14 heures de train. Il accompagne ses oncles, désignés à nouveau – 5e aux jeux de 1932, à Los Angeles – avec Jean Cosmat et Marcel Chauvigné. Il observe et enregistre « tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend, tout ce qu’il ressent ». Il comprend combien « cette Allemagne dynamique et déjà diabolique cache son jeu et marche au pas de l’oie ». Il devient la mascotte tricolore, applaudit à la victoire de Jesse Owens dans le 4 x 100, défi aux thèses racistes d’Hitler. Dès son retour à Nantes, il répète « Il va y avoir la guerre ». Avec son père Henri, il s’impliquera dans la Résistance comme « facteur ». Réfractaire au STO, il est recherché par la Gestapo. Démobilisé, une vie d’entraîneur sportif l’attend dans le Gard au côté de Raymonde Monnier de Beaucaire. Il vient d’être promu Chevalier de la Légion d’Honneur le 10 octobre 2015. Un témoignage historique, documenté, passionnant.

(1) « Noël Vandernotte » – Henri Charpentier – Éditions Atlantica – octobre 2015 – 22 € TTC.

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