6 – Bertrand Barère : Le plaidoyer

Bertrand Barère, « avec une emphase agrémentée de véritables accents préromantiques où se mêlent les préoccupations de l’Encyclopédie », précise José Cubero, poursuit sa présentation d’une Bigorre aux charmes multiples. « Rien n’est aussi pittoresque que la partie des Pyrénées qui dépend du Bigorre…la nature n’est nulle part aussi riche, ni aussi majestueuse que dans cette chaîne de grandes masses qui percent les nues…des torrents se précipitent de toutes parts et après avoir couvert une partie de ces monts de la plus riante verdure, vont fertiliser la plaine…partout s’offrent, aux yeux de l’amateur, des trésors de botanique ». Barère présente alors les richesses de la Bigorre : « les marbres jetés hors des entrailles de la terre pour embellir l’Europe entière, l’ardoise suffisante pour vingt grandes cités, les immenses forêts de sapins mais aussi les bestiaux, les fleuves de lait qui se transforment en beurre et fromage pour l’aliment non seulement du pays, mais des villes de Toulouse et Bordeaux ». Aussi, dissoudre cette province vraiment distinguée du royaume, dans un espace plus vaste, serait « un crime contre la nature ». Quel plaidoyer ! Mais pour faire vivre la Bigorre, écrit l’historien « ce sont bien les Béarnais qu’il faut contenir ». Car, poursuit Barère « Les deux nations sont séparées par les mœurs et par une sorte d’antipathie qui rendrait à jamais orageuse toute liaison entr’eux et surtout une liaison de dépendance ». Ici, Barère met le doigt sur le juridique, son domaine : « Le Béarn est régi par la coutume et la Bigorre par d’autres coutumes et le droit romain » et il a l’élégance de ne pas évoquer la période des guerres de religion où « les incursions et pillages des troupes huguenotes pour lesquelles le Béarn constituait une plaque tournante ». En effet, Tarbes en avait particulièrement souffert de 1569 à 1574. En conclusion : « La réunion des deux nations dans un même département donnerait certainement lieu à des répulsions éternelles, mêlées d’effervescence, et peut-être encore d’insurrection ». La messe était dite. Le futur Conventionnel s’était brillamment révélé face à de pugnaces voisins béarnais avides d’expansion. À suivre…

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