Cet ouvrage sur la haute-couture et la mode sur la Côte basque reflète la vie mondaine à Biarritz avec l’installation des Worth, O’Rossen, Paquin, Poiret, Chanel, Vionnet, Lanvin, Hermès, Rochas, Balenciaga et Courrèges qui ont habillé une clientèle richissime avide de fêtes luxueuses pour lesquelles des centaines de couturières et autres petites mains ont exercé un vrai métier (1). L’autre mérite de cet ouvrage est de retracer la métamorphose d’un petit village depuis l’arrivée d’Eugénie de Montijo et de Napoléon III en 1854. Roi des Belges, prince de Monaco, reine d’Espagne, riches anglais et russes ont entraîné le gotha européen pour le partage de leurs plaisirs. Le climat de douceur aidant, Biarritz attire les créateurs : architectes, restaurateurs, parfumeurs, joailliers, couturiers. Ces derniers veulent installer leurs ateliers, leurs « maisons ». Chacun a son idole ou son maître : le voisin basque espagnol Cristobal Balenciaga inspire André Courrèges et André Lacroix. Jean Patou et Marcel Rochas ouvrent une vitrine. Avec l’aide de 120 ouvrières, Germaine Michel, fille de couturière, continuera les fastes de la Belle Époque jusqu’à l’arrivée du prêt-à-porter. Curieusement, ce sont les hommes de la haute couture qui vont libérer les femmes : « Les jupes se porteront plus courtes, en dessous du genou, le tailleur est adopté ». Le style devient révolutionnaire. Gabrielle Chanel rencontre Ernest Beaux pour mettre au monde le parfum N°5 et « Coco » fait défiler tous les 5 du mois. Les photos anciennes et les affiches, venues du Musée du Vieux Biarritz, illustrent avec brio le défilé des modes et du temps. De 1946 à 1967 le nombre des maisons passe de 106 à 19. Les femmes travaillent, s’habillent et parcourent les boutiques pour un pantalon ou une robe au meilleur prix. De blanchisseuses, couturières, gouvernantes, domestiques, elles deviennent institutrices, scientifiques, postières, secrétaires, des métiers d’hommes. Ce livre n’est pas un livre mais un feu d’artifice. Sa documentation, sa qualité graphique et ses nombreuses illustrations en font un grand livre.
1 – «Biarritz & la Mode» – Nathalie Beau de Loménie – Éditions Atlantica – juillet 2015 – 28 €