Les découpages s’amorcent après la nuit du 4 août 1789, avec l’abolition des privilèges des individus, des ordres, provinces, principautés, pays, cantons, villes et communautés. La réforme administrative pouvait commencer sous l’égide de l’assemblée Constituante avec la mise en place d’un comité de Constitution. Les « experts » Duport, Lally-Tollendal, Sieyès, puis Thouret, présentent leur projet. Les débats étant engagés, Barère (de Vieuzac a disparu), député du Tiers-État pour la « petite » Bigorre, souhaite que « la division soit fondée non sur le territoire mais sur sa population. La base territoriale est fausse, un pays est couvert de moissons, un autre de bruyères; ici des hommes sont entassés dans des villes; à côté, les campagnes sont désertes; des habitations nombreuses couvrent la surface d’une autre, ainsi par les différences qui se trouvent dans les qualités du terrain, dans les degrés de fertilité dans la nature de ses productions, la mesure territoriale est trop inégale, trop injuste pour être adoptée ». Et l’historien José Cubero d’ajouter : « D’autant que la Bigorre avec ses 120000 habitants dans un espace de 144 lieues carrées annonce déjà une population très serrée ». La Constituante adopte le rapport de l’influent député du Tiers-État Thouret, du bailliage de Rouen. La France sera divisée entre 75 et 85 départements, subdivisés en districts, 6 à 9 par département. Dès novembre 1789, devant le comité de Constitution, en présence des députés du Béarn, de la sénéchaussée d’Auch, du Comminges et de l’Armagnac, Bertrand Barère, épaulé par l’autre député du Tiers-État de Bigorre Dupont de Luz, défend l’idée d’établir « un département dont la ville de Tarbes soit le chef-lieu ». Mais la base territoriale était encore trop étroite, il fallait l’élargir et « annexer une certaine quantité de pays limitrophes et principalement ceux qui en étaient autrefois ses dépendances ». La discussion devient plus âpre car les Béarnais convoitent ardemment la Bigorre. Le 9 décembre, pour calmer les esprits, la Constituante décide une possibilité d’alternat du chef-lieu entre deux villes. Trop contesté, le principe en sera supprimé, en septembre 1991. À suivre…