Vers la mi-novembre 1251, en l’abbaye de l’Escaladieu, Pétronille de Bigorre, veillée par sa fille Mathe, quitta cette vallée de larmes comme il est dit dans les écritures. Elle avait 67 ans. La nouvelle de la mort de la comtesse fut communiquée aux barons de la cour de Bigorre. André Delpech précise qu’une délégation de ces derniers vint aussitôt en l’abbaye pour rendre un ultime hommage à la comtesse et prendre connaissance du testament afin de connaître le nom de leur futur suzerain : Esquivat IV de Chabanais. Et d’ajouter que contrairement à une affirmation encore courante, la comtesse fut bien inhumée à l’Escaladieu. Puis, pour sa démonstration, il décrit les caractéristiques physiques de cette abbaye avec, schématiquement, un grand rectangle coupé en deux, une partie sacrée : lieu de prières et de recueillement des moines, salle capitulaire, cloître, bibliothèque, etc., et une partie profane : cimetière des moines, aire d’accueil des pèlerins en route pour Saint-Jacques, visiteurs de marque et autres laïques. L’entrée de l’abbaye se faisait par là entourée de bâtiments à usage domestique, écurie, hôtellerie et hospice-infirmerie. C’est ici que la comtesse décéda. Une telle personnalité qui défuncte dans les communs de l’abbaye ? Et oui… même une comtesse de Bigorre ne pouvait transgresser la règle cistercienne qui interdisait aux femmes d’accéder à la partie sacrée. Toutefois, l’historien a un doute. Après les fouilles réalisées de 1963 à 1967 par Colin Platt, deux sépultures furent trouvées dans la partie profane dont l’une pouvait s’identifier à un squelette féminin. Les inhumations étant situées au pied d’un mur, l’historien s’interroge sur l’absence de plaques gravées qui aurait identifié les deux corps. Cette constatation renforce l’hypothèse selon laquelle il s’agirait bien de Pétronille de Bigorre et de son petit-fils Esquivat de Chabanais inhumé à l’Escaladieu, en 1283. Donc, si l’hypothèse est avérée, l’affirmation courante que Pétronille fut enterrée dans la cathédrale de la Sède, à Tarbes, ne tiendrait plus, celle-ci reposant sur un texte de 1200, recopié en 1609, indiquant un nouveau point géographique, vers l’évêché. À suivre…