28 – Le testament de Pétronille

Le 3 novembre 1251, la comtesse Pétronille est gravement malade et sa fille Mathe de Matha est à son chevet. C’est alitée, dans l’hospice du monastère cistercien de l’Escaladieu, situé au pied du château de Mauvezin (Hautes-Pyrénées) qu’elle dicte son testament à Frère Bernard d’Argelès. André Delpech nous livre, ici, un document précieux. Dame Pétronille est déclarée « tombée en infirmité et gravement malade mais ayant néanmoins encore excellente mémoire ». Elle tient à régler ses dettes avant de partir. À Vital Gasc de Tarbes : 100 sous (sols) Morlaàs, plus 18 sous pour des chaussures et aussi 13 sous pour une tunique qu’elle a achetée. Également, 1000 sous Morlaàs au même qui lui seront payés par l’entremise de l’évêque de Bigorre Arnaud-Raymond de Coarraze et de Pèlegrin de Lavedan. Il s’agissait d’une redevance de 12 deniers par habitant du comté non encore perçue. Elle rappelle les 7000 sous Morlaàs qu’elle a avancés à Simon V de Montfort. En réalité, ce dernier était débiteur de 15500 sous Morlaàs pour 3 ans de transactions. Également, la comtesse disposait d’une somme que Guillaume d’Escala devait lui verser sur la terre de Chabanais – son douaire – et qu’il remettrait à l’abbé de l’Escaladieu. Les interrogations de la comtesse sur l’héritage du comté par la descendance de sa fille Alix de Montfort sont claires : «Si par circonstance ledit Jourdain III de Chabanais, sans fils légitime, était arraché à ce siècle vain et séditieux, que la pitié ne permette cela !». La comtesse demande à la cour de Bigorre de ne faire aucun hommage à son héritier Esquivât IV de Chabanais tant que sa fille, Mathe de Matha, n’a recouvré tous ses droits. « La dame Pétronille, comtesse de Bigorre, veut, commande et constitue, que son comté dit terre de Bigorre, arrive sous la domination de dame Mathe de Matha, sa fille, que lui-même, son comté, constitue son domaine et son héritage, et qu’après ladite dame Mathe ses héritiers légitimes y succèdent… ». Toutes les volontés de la comtesse étaient clairement exprimées. Ce testament fut confirmé et « fortifié » du sceau de Pétronille de Bigorre. L’abbé de l’Escaladieu apposa son sceau sur cette charte. À suivre…

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