Bertrand Barère, le modérateur

Dans son avant-propos, l’auteur rappelle que Bertrand Barère est né à Tarbes, au 31 rue Brauhauban, le 10 septembre 1755 (1). Il précise les accusations terribles : terroriste, girouette politique et les analyses défavorables, principalement l’étude de Robert Launay (1929) auteur du célèbre « Bertrand Barère, l’Anacréon de la guillotine ». José Cubero s’est efforcé de retracer avec une grande rigueur le parcours d’un avocat bigourdan, brillant orateur, modérateur à souhait, en contradiction avec la propagation d’une image populaire désavantageuse du fondateur des Hautes-Pyrénées. Ballotté par les événements tragiques qui se précipitent, il déclarera dans ses « Mémoires », pour sa défense : « Je n’ai point fait mon époque, je n’ai fait et je n’ai dû que lui obéir ». Avocat au Parlement de Toulouse, dès 1775, il plaide des causes difficiles et acquiert une notoriété appréciable. Les académies le tentent mais les débuts sont contrastés, précise l’auteur. Le 13 mai 1785, il épouse la riche vicquoise Élisabeth de Monde, 12 ans à peine, à qui il offre « une poupée vêtue de satin jaune ». Conseiller au Sénéchal de Bigorre (1781), Académicien des Jeux Floraux (1788), il monte à Paris qui le fascine, en 1788. Il aperçoit les grands hommes du moment : Condorcet, La Fayette, Jefferson. Le 21 avril 1789, il est élu premier député du Tiers-État de Bigorre. Avec le curé de Vic-en-Bigorre, Pierre Rivière, le baron de Gonès et l’avocat de Luz, Dupont, ils prennent la malle-poste pour Versailles. Puis, c’est l’enchaînement : abandon de 12000 livres de conseiller royal après la nuit du 4 août, fréquentation des cercles maçonniques parisiens, voix écoutée de la Plaine, médiateur dans la lutte féroce entre Girondins et Montagnards, partisan d’une monarchie constitutionnelle jusqu’à l’exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793. Membre du Comité de Salut Public, il se distingue par un labeur intense. Peu à peu, Barère devient la voix de la Révolution. La Terreur est là, il s’éclipse et se cache. La peur, l’itinéraire d’un proscrit : Mons, Bruxelles, Paris, Tarbes, vicissitudes. Un ouvrage  captivant.

1 – «Bertrand Barère» – José Cubero – Éditions Gascogne – avril 2015 – 15 €

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