Pétronille n’a plus le courage pour diriger, sur place, le comté de Bigorre. Elle est seule, peu au fait des amis restés fidèles et des ennemis qui jugent comme une traîtrise ses alliances avec ces princes croisés venus du nord. Elle a confié la direction du comté à un sénéchal « aidé parfois par l’évêque de Bigorre » précise André Delpech qui a couvert avec beaucoup d’obstination et de talent cette saga médiévale. Pétronille préféra rester dans son douaire du comté de la Marche ou en Limousin plutôt que de regagner son territoire bigourdan. Louis VIII trépassa laissant le royaume de France à sa veuve Blanche de Castille et à son fils Louis IX, futur Saint Louis, âgé de 12 ans. Il y eut bien une tentative de Raymond VII de Toulouse de rejoindre une coalition dirigée par Henri III d’Angleterre mais Blanche de Castille le prit de vitesse et fonça à la tête d’une armée sur la Loire. Les coalisés déposèrent les armes, le roi anglais, abandonné par ses troupes, signa une trêve. À son tour, Honorius III céda son trône à Grégoire IX. En 1227, profitant d’une accalmie, Pétronille préparait son cinquième mariage avec le seigneur occupant le château de Matha, situé à 20 km de Cognac, en Charente. Courageuse la comtesse… Après moultes péripéties onomastiques, Boson de Matha-Chabanais, sire de Cognac, rencontra, l’année précédente, Pétronille, veuve d’Aymeric de Rancon. André Delpech suppute que le voisinage des possessions des deux personnages n’est pas étranger à ce rapprochement. Pour rappel, Pétronille séjournait dans son douaire – Rancon à 30 km de Confolens – dans un secteur entre Chabanais et Confolens. Cette proximité permettait à Boson de Matha de nouer une relation et de se fiancer avec Pétronille. En perspective, un titre comtal qui ne lui déplaisait pas. Ce projet matrimonial fut soumis et accepté par Amaury de Montfort. Boson de Matha-Chabanais, sire de Cognac, épousa Pétronille de Bigorre en fin d’année 1227. Les époux avaient le même âge : 43 ans. Un codicile de 1239 rappelle le don nuptial de Pétronille fait à son mari : 20000 sols Morlaàs, soit 15000 SM sur les revenus du comté de Bigorre et 5000 SM sur ceux de la vicomté de Marsan. À suivre…