Alexandre Grothendieck est né le 28 mars 1928, à Berlin, et il est mort à l’hôpital de Saint-Girons (Ariège), le 13 novembre 2014. Qui connaissait sa trajectoire météorique ? Peu de personnes. Alexander Schapiro, surnommé « Sascha », père d’Alexandre, est juif ukrainien et anarchiste. Il rencontre Hanka Grothendieck, à Berlin, dans le milieu libertaire. Elle est allemande, née à Hambourg d’une famille bourgeoise protestante. Elle est éblouie par Sascha qui a fait deux révolutions – 1905 et 1917 – et passé 10 ans dans les bagnes du Tsar. Partisans de l’amour libre, elle est enceinte d’Alexandre. Ils habitent Berlin dans un quartier misérable. Première fêlure… Pour Sascha : les Brigades internationales en 1936, camp du Vernet en Ariège, résistance dans le MOI, capture par la Gestapo, camp de Noé, Drancy, Auschwitz où il sera gazé en 1942. Hanka, classée comme indésirable par Vichy, est arrêtée en août 1940 et déplacée avec son fils à Rieucros en Lozère. Alexandre reçoit « une révélation mathématique » grâce à Maria une détenue. Au collège de Mende, il ressent d’instinct « les règles mathématiques ». En 1942, il est séparé de sa mère et caché au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. La Gestapo annoncée, on l’abrite dans les bois un jour ou deux. Alexandre soignera sa mère jusqu’à sa mort, en 1957. Il passe sans difficulté sa licence de mathématique à la Faculté des sciences de Montpellier. L’auteur précise : « Il n’apprend pas les mathématiques, il les fait ou les refait ». Son professeur d’analyse reconnaît son génie et l’envoie à Paris, à l‘École normale supérieure. Il est accepté par les brillants mathématiciens du groupe « Bourbaki ». Pendant 30 ans, il sera cité dans plus de 100 articles de la littérature mathématique. Il soutient 6 thèses de doctorat en quelques mois. Docteur en 1953, maître de recherches au CNRS, il rédige « Éléments de géométrie algébrique », médaille Fields, équivalent du prix Nobel, en 1966, Collège de France en 1970. Ce pacifiste mystique, antimilitariste, anarchiste, se coupera, alors, du monde des vivants. Un récit poignant, un grand livre.
1 – «Alexandre Grothendieck» – Georges Bringuier – Éditions Privat – août 2015 – 18 € TTC.