Le mariage conclu, le couple Aymeric de Rancon – Pétronille de Bigorre resta dans l’entourage de Montfort. L’historien André Delpech confirme que cela permit à la comtesse de Bigorre d’élever ses filles. Le 14 juillet 1223, Philippe Auguste n’est plus. Avant sa mort, Amaury VI de Montfort a voulu lui remettre ses terres méridionales pour l’engager à une nouvelle croisade dans le Midi. Le roi a refusé. Le 24 janvier 1224, Amaury signe une trêve avec les nouveaux comtes occitans. Il leur promet d’œuvrer pour une réconciliation avec l’Église et le jeune roi de France Louis VIII. Puis, il quitte Carcassonne et, avec tous les siens, se met en longue route jusque dans son château dans les Yvelines. Formant un passage, les Occitans regardent partir le vaincu de la croisade, l’auteur de tous leurs maux. Enfin, après quinze ans, ils peuvent rentrer dans leur citadelle de Carcassonne. Le jeune Raymond Trencavel, 18 ans, triomphe…il passera une bonne nuit. Pétronille et ses deux filles ont suivi le convoi jusqu’en région parisienne. Pendant ce temps, ignorant la capitulation d’Amaury, le roi Louis VIII a décidé de se croiser et d’accepter les terres méridionales offertes à son défunt père. Arrivés à la mi-février 1224, Amaury VI de Montfort, Pétronille et ses filles purent goûter à un repos après un voyage, l’hiver, que l’on peut imaginer épuisant. Ramenés dans le convoi, les restes de Simon IV de Montfort et de son fils Guy de Montfort, comte de Bigorre, furent inhumés dans le prieuré des Hautes-Bruyères dépendant de l’abbaye de Fontevraud. Fort logiquement l’historien déclare : « Nous pouvons présumer que parmi les membres du clan Montfort, figurait en bonne place la comtesse Pétronille de Bigorre » et d’ajouter : « En 1794, le prieuré des Hautes-Bruyères fut détruit et ainsi disparut la nécropole des Montfort ». Ensuite, Amaury VI de Montfort se rendit à la cour du roi de France et lui remit ses terres méridionales. Louis VIII imposa ses conditions : la croisade serait financée par l’Église, les chefs religieux seraient des évêques choisis par lui-même, Rome reconnaîtrait les domaines conquis et le Pape n’aurait aucun droit de regard sur la croisade. À suivre…