Des Russes sur le front

Hiver 1915-1916 : 20000 soldats russes sont envoyés en France, sur le front occidental, en échange de livraison de fusils et de munitions au régime tsariste. Ces hommes sont considérés comme « une troupe d’élite, soigneusement sélectionnée, composée principalement de volontaires et de sujets de choix ». Parmi eux, Stéphane Ivanovitch Gavrilenko, originaire de Taranov, non loin de la mer d’Azov, se trouvera éloigné de chez lui pendant plusieurs années, à des milliers de kilomètres de son pays et de sa famille. Il sera montré en exemple à la population française pour « sa bravoure, son obéissance et sa foi, à coup d’articles de presse, de défilés et de parades ». Ce soldat se battra sur le front de Champagne auprès de centaines de milliers d’autres. Mais, telle une faucheuse, la mort éclaircira les rangs. Au printemps 1917, le soldat modèle apprend la nouvelle sensationnelle de la chute du tsar Nicolas II et de son régime autocratique. Des milliers de compatriotes apprendront la victoire de la révolution dans leur pays et s’y rallieront face à l’hostilité de leurs officiers. À leur grand étonnement, le gouvernement provisoire demandera la poursuite du combat en France. Beaucoup d’entr’eux se mutineront et se retrouveront dans le camp de la Courtine, en septembre 1917. Pour punition, l’État français les contraindra à travailler 2 années supplémentaires. Gavrilenko est le seul à avoir ramené ses carnets de guerre, aujourd’hui publiés. Leur  rédaction a commencé en fin 1915, à Saratov, près de Moscou, avec la formation du corps expéditionnaire et elle se termine à la veille de la mutinerie des deux brigades russes. Les grandes étapes de cette histoire seront : la formation de l’unité en 1915-1916, le voyage, l’arrivée en France et le front en 1916, la chute de l‘Ancien Régime et ses répercussions, l’offensive d’avril et la décomposition des brigades russes, la manifestation du 14 mai 1917 et ses suites. Le grand mérite de cet ouvrage est de nous éclairer sur une période tragique peu connue. Stéphane Gavrilenko fera souche à Belfort où il décédera en 1968.

1 – «Le journal de Stéphane Ivanovitch Gavrilenko» – Rémi Adam – Édition Privat – octobre 2014 – 15,50 € TTC.

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