L’Eglise et la corrida

La préface d’Auguste Lafront « Paco Tolosa » nous rappelle que trois siècles ont passé depuis que Pie V s’attaqua aux « agitations de taureaux » et voulut décourager les Espagnols d’assister à « ces sanglants et honteux spectacles qui occasionnent fréquemment des accidents mortels, des mutilations et qui sont un danger pour les âmes » selon les propres termes de la Bulle « De salute gregis » signée à Rome, le 1er novembre 1567. Ce texte provoqua un séisme dans la péninsule tant les spectacles des taureaux étaient goûtés par le peuple, les religieux et les nobles. En préambule à cet ouvrage de grandes recherches, tout à fait passionnant, disons que l’Église n’avait jamais manifesté une quelconque émotion sur la condition des bêtes sauvages ou même domestiquées tels les taureaux d’élevage. Non, Pie V voulut mettre en exergue la mort trop fréquente de coureurs de rues ou d’aficionados dans les enceintes publiques. Déjà, les Romains en conquête de l’Espagne avaient constaté que des gens à cheval affrontaient des taureaux. Le spectacle était sanglant. Un chevalier en armure chargeait la bête à la sortie du toril et le tuait d’un coup de lance. L’exercice préparait à l’affrontement guerrier. Sous Philippe II (1556-1598), la lance plantée, se brisait pour « s’adoucir ». Hélas, depuis le XIe siècle, les spectacles n’obéissent à aucune règle, les encierros de Pampelune sont des sortes de chasses autorisant la foule à toutes les armes de poing, de jet, de main. Les taureaux excités tuent 36 personnes et blessent 70 spectateurs à Grenade, en 1609. La tauromachie à pied arrive au XVIIIe siècle avec quelques toreros professionnels. Les fêtes taurines gagnèrent la France : Bayonne, Béarn, Provence. L’auteur nous entraîne dans l’analyse approfondie des rapports de l’Église catholique avec la corrida protégée par le Roi. Après lecture de ce livre, les défenseurs de la cause animale ne pourront plus invoquer le secours ou le parrainage des Saints-Pères qui, peu à peu, se désintéresseront de ces fêtes païennes où les morts de chrétiens ne se comptent quasiment plus.

1 – «L’Église et la corrida» – Marc Roumengou – Édition à compte d’auteur – août 1996 – 175 F TTC (26,68 € TTC).

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