Nous poursuivons le récit de la saga « Pétronille de Bigorre » tiré de l’ouvrage référence de l’historien André Delpech, grand spécialiste de ce personnage majeur dans l’histoire de la Bigorre. En octobre 1216, fut faite l’annonce de la nullité du mariage de Pétronille avec Nunyo-Sanchez, fils du comte de Provence. Pourquoi ? André Delpech invoque des motifs de consanguinité ou bien d’un défaut d’accord de Simon de Montfort. Il est probable que ce dernier profita de la solitude de Pétronille sur ses terres. Et c’était bien là l’erreur des Catalano-Aragonais. Aussitôt, les évêques pyrénéens poussèrent la comtesse à épouser Guy de Montfort, fils cadet de Simon de Montfort. Le choix de la comtesse était cornélien. Soit Montfort et l’Église, soit la résistance avec les Béarnais et Nunyo-Sanchez. Les barons pauvres du comté de Bigorre ne pouvaient lutter avec la puissante armada du chef des Croisés devenu riche de ses conquêtes. Un refus de la comtesse l’exposait à une excommunication et ses terres de Bigorre et du Marsan exposées en proies aux croisés. Reconnu par le roi de France et le Saint-Siège, Montfort pouvait alors poursuivre les dernières conquêtes des châteaux et terres rebelles. Enfin, la possibilité de vivre une vie plus confortable entra, peut-être, dans la décision de Pétronille de donner son accord à une union avec Guy de Montfort. Le mariage eut lieu le 6 novembre 1216 dans la cathédrale Notre-Dame de la Sède, à Tarbes. La mariée avait 33 ans, le mari…18 ans. Sur la ratification du contrat de mariage, on peut noter la présence des évêques de Bigorre, Comminges, Couserans, Oloron et Aire-sur-Adour ainsi que celle de Simon IV et de son fils aîné Amaury de Montfort. L’archevêque d’Auch clôturait la cérémonie en menaçant d’excommunier sur le champ la partie qui ne respecterait pas ses engagements. Simon le Croisé triomphait à ce détail près : le château de Lourdes ne se rendait pas et restait inexpugnable… Les principaux seigneurs bigourdans firent hommage à Guy de Montfort, un sénéchal fut nommé pour gouverner le comté et Pétronille suivit le clan Montfort jusqu’au Château Narbonnais, à Toulouse. Pétronille s’adapta et fut bientôt mère. À suivre…