9 – Montfort le dépeceur de territoires

En septembre 1212, venant d’Auterive en Bas comté de Foix, Montfort se présente devant Muret qui contrôle la route fluviale de la Garonne et la route terrestre vers l’ouest du piémont pyrénéen. Les habitants mettent le feu au pont de bois qui enjambe le fleuve et prennent la fuite vers Toulouse. Malgré les eaux vives, Montfort traverse le fleuve suivi par ses troupes, notamment Garcie, évêque de Comminges, Navarre et Couserans. Un intrépide celui-là qui invite Montfort à s’engager plus avant dans les terres de Bernard IV de Comminges. Muret devient la plaque tournante. Les croisés pénètrent dans la seigneurie de l’Isle-Jourdain et le Samatan (Gers), la Lomagne (Tarn-et-Garonne). Montfort n’hésite pas à ravager des terres en frontière du pays bigourdan. Il s’attaque ouvertement à l’héritage paternel de Pétronille car c’est elle l’héritière du Comminges et non son demi-frère Bernard V. Montfort poursuit ses raids meurtriers aux environs de Saint-Lizier en Couserans. En novembre 1212, « Pierre II d’Aragon apparaît comme le rempart de la chrétienté face aux musulmans d’Espagne » souligne André Delpech. Les envoyés du roi réussissent à convaincre le pape de la bonne foi de l’Aragonais. Ils proposent un projet global de règlement de la Croisade Albigeoise : arrêt de la croisade, restitutions des terres aux Occitans, Montfort gardant les terres de feu Trencavel. Pierre II se porte garant de la bonne exécution de ce plan, « de la soumission des Méridionaux et de l’application de la vraie foi sur ses terres ». Le plan est bien accueilli par le pape car il a reçu des nouvelles alarmantes de Terre sainte. Il devient urgent d’y envoyer une croisade de secours. De plus, le souverain pontife est attaqué dans ses possessions italiennes par Othon IV de Brunswick. Pendant que les émissaires regagnent l’Aragon pour annoncer au roi le succès de leur mission, Raymond VI de Toulouse est déjà à la cour de Barcelone pour réclamer à son beau-frère Pierre II un soutien actif. Montfort, lui, ignore les décisions de Rome. Le 1er décembre 1212, il est à Pamiers et promulgue les « Lois de Montfort ». Arnaud Amaury, légat du pape, n’est pas là mais il va fâcher Montfort. À suivre…

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