10 – L’ambitieux Pierre II d’Aragon

Pierre II d’Aragón est à Toulouse à L’Épiphanie 1213. Pour que ce puissant personnage entreprenne un long voyage l’hiver, il faut que la situation en Comminges et en Bigorre l’alarme sérieusement. Il entend mettre un terme définitif à la croisade cette année. Sa suite est composée de son cousin germain Nunyo-Sanchez, comte du Roussillon, Guillaume-Raymond V Moncade, sénéchal du roi d’Aragón, frère cadet de Gaston VI Moncade, vicomte de Béarn, élevé à la cour du roi d’Aragón, à Barcelone. Peu après, arrive à Toulouse Gaston VI Moncade. Pierre II et sa suite logent dans le Château Narbonnais, demeure des comtes de Toulouse. Tous sont persuadés qu’une paix durable va régner enfin… Les propositions de paix sont transmises, par écrit, à Montfort. Elles seront examinées pendant le concile de Lavaur. Le 18 janvier 1213, le plan de paix est rejeté par les évêques et Montfort envoie des émissaires à Rome. Devant la mauvaise volonté affichée par le clergé et les croisés, Pierre II, certain du soutien papal, prend sous sa coupe les barons occitans. Le dimanche 27 janvier, les comtes de Toulouse et de Foix font hommage à Pierre II. Le comte de Comminges et Gaston VI de Béarn renouvellent le leur. Au nom du Christ, les châteaux de Lourdes, Oloron, Montaner, Miramont et Cadillon sont mis « dans la main et le pouvoir de Monseigneur Pierre (II) par la grâce de Dieu roi d’Aragón et comte de Barcelone ». Trois places fortes appartenaient à son épouse Pétronille : Lourdes et Montaner du comté de Bigorre et Miramont dans la vicomté de Marsan. André Delpech précise que Pétronille n’alla pas à Toulouse et qu’elle ne contresigna pas cet acte qui, pourtant, engageait ses domaines. Le 27 janvier 1213, Pierre II roi d’Aragón « se retrouve à la tête d’un protectorat qui ressemblait à un état occitano-catalan dont avaient longtemps rêvé ses ancêtres ». Une seule ombre au tableau : les déboires matrimoniaux du souverain. En 1206, il a essayé d’annuler son mariage avec Marie de Montpellier au prétexte que son précédent époux, Bernard IV de Comminges, était toujours vivant. Et qu’il avait eu « commerce » avec une proche parente de sa femme. Le pape rejeta ces « insinuations ». À suivre…

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