Les Occitans étaient dans une indécision profonde. André Delpech, l’auteur de ce magnifique ouvrage, a bien analysé le dilemme. Fallait-il courber l’échine ou se lancer à corps perdu dans la bataille ? « Chacun réagit en fonction de l’imminence du danger ». Le 1er avril 1211, Roger II de Comminges, neveu de Bernard IV de Comminges, vicomte de Couserans, fit sa soumission à Montfort permettant à ce dernier d’enfoncer un coin dangereux entre les comtés de Foix et du Comminges. Les Français (Croisés) s’installèrent dans le château de Quié près de Tarason-sur-Ariège. Le 3 mai, l’armée du Christ s’empare de Lavaur dans le Tarn et allume le plus grand bûcher de la croisade. Résultat : 400 habitants sont brûlés mais aussi égorgés et pendus. En juin 1211, l’armée assiège Toulouse pour la première fois. Pendant le siège, l’évêque de Cahors vint voir Montfort et lui signaler que le Quercy était prêt à la soumission à sa personne. Le 27 juin, par une surprise audacieuse et non moins risquée, les Méridionaux retranchés dans la ville attaquent durement les Croisés qui plient bagage deux jours plus tard. Sur sa lancée destructrice, Simon de Montfort ravage le Bas comté de Foix autour de Pamiers et se rapproche de la capitale. L’alerte a été très chaude pour les Toulousains. Capitouls en tête, Pierre II d’Aragón est appelé à la rescousse. Un autre roi va entrer en scène : l’inattendu roi de France, Philippe Auguste. Raymond VI lui est apparenté et théoriquement vassal du roi de France qui verrait d’un mauvais œil que l’on attentât à ses domaines. Le 25 août, le pape Innocent III tente, par écrit, de calmer les inquiétudes du roi de France. Paradoxe étrange en cette année 1211, Philippe Auguste se rappelle que le Midi lui appartient et que Simon de Montfort, son vassal, pille ce même domaine. Le Roi n’est plus chez lui, le pape l’a supplanté… et les Occitans hérétiques se sont placés sous la suzeraineté du très catholique roi d’Aragón ! Pierre II va répondre à leur attente. La coalition des Méridionaux va réagir à Castelnaudary, en septembre 1211. Gaston VI, époux de Pétronille, vicomte de Béarn et notre comte de Bigorre, va bientôt se manifester. À suivre…