14 – Pétronille revient sur ses terres

La cérémonie de levée d’excommunication du mari de Pétronille ne fit l’objet d’aucun faste. La réconciliation spectaculaire, l’accès à la cathédrale à moitié nu, la flagellation par l’évêque à l’entrée, n’eurent pas lieu à cause de la maladie du vicomte de Béarn. Gaston Moncade était maintenant en règle avec l’Église. Les évêques de Bigorre, de Comminges et de Couserans restaient eux dans le sillage de Simon IV de Montfort, précise André Delpech. Les anciens excommuniés pyrénéens considéraient ces évêques comme des traîtres. D’ailleurs, ils n’assistèrent pas à la cérémonie de réconciliation. À la mort de son mari, Pétronille de Bigorre récupère tous ses domaines propres, soit le comté de Bigorre et la vicomté de Marsan. Il n’y a pas eu d’enfant, donc les domaines de son mari réintègrent la lignée d’origine. Gaston VI laissa à Pétronille son douaire, c’est-à-dire les revenus de quelques villages béarnais jusqu’à sa mort. Puis, elle quitta Morlàas et la cour béarnaise et s’installa dans le triste château de Tarbes, résidence ordinaire des comtes de Bigorre. Veuve à 30 ans, Pétronille était seule pour diriger la Bigorre. Aussi, fit-elle appel à son beau-frère Guillaume-Raymond V Moncade, frère cadet de son mari et sénéchal de Pierre II, chargé d’assurer la protection des Occitans jusqu’à la défaite de Muret. Sanchez ou Sanche, comte de Roussillon et oncle du défunt Pierre II d’Aragon, voulait conserver des liens étroits avec la Bigorre. Son fils Nunyo-Sanchez était déjà venu à Morlàas ou Monein prendre la tête avec son ami Guillaume-Raymond V Moncade du contingent béarno-bigourdan levé pour aider Pierre II. C’est à cette occasion qu’il fit la connaissance de Pétronille de Bigorre. Face à la menace de Montfort, le Régent de la cour d’Aragon formula une demande en mariage en faveur de son fils Nunyo-Sanchez. Ce projet dut satisfaire également le beau-frère de Pétronille, vicomte de Béarn. Le mariage eut lieu en 1215. Le marié avait 25 ans, la mariée 31 ans. Pour le Régent, père du marié, cette union permettait de maintenir étroitement la Bigorre sous influence aragonaise. En fin 1215, Innocent III chercha une solution équitable à la question albigeoise. À suivre…

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