13 – La ruse de Montfort

L’armée occitano-catalane négligea certainement l’adversaire déclare André Delpech, l’auteur de ce récit épique : «  Il est vrai que la disproportion des forces était nettement en faveur de celle-ci. Les méridionaux se reposèrent entièrement sur l’expérience acquise par les troupes de Pierre II ». Fatale erreur ! Simon IV de Montfort usa de la ruse. Il s’enfuit au loin poursuivi par les lourdes montures de Pierre II. Quand celles-ci sentirent la fatigue, Montfort se retourna soudain contre ses ennemis. En ce jeudi 12 septembre 1213, le roi d’Aragon Pierre II trouva la mort dès les premiers chocs de la cavalerie française. Ce fut le signal de la déroute : « Les comtes occitans et les cavaliers aragonais cédèrent du terrain et les Croisés firent un immense carnage des piétons ». André Delpech constate que les troupes méridionales étaient plus à l’aise dans des opérations de « police féodale » que dans des batailles rangées. Montfort avait la « Baraka ». Il échappait encore à une mort certaine. La disparition de Pierre II brisait de facto le rêve d’un état occitano-catalan. Son fils Jacques Ier d’Aragon n’était plus en mesure de s’opposer à Montfort. Le détachement béarno-bigourdan, venu en renfort, fit demi-tour et regagna ses terres sans combattre. Le pape Innocent III fut consterné d’apprendre la mort du roi d’Aragon car il perdait son champion pour repousser les musulmans d’Espagne. Il était temps d’arrêter le gâchis et de ne pas pousser à bout les Méridionaux. Il changea de légat et confia la charge à Pierre de Bénévent qui moyennant « cautions suffisantes » était habilité à lever leur excommunication et les réconcilier avec l’Église. Gaston VI de Béarn réussit à convaincre que son engagement au côté des Occitans n’était simplement que la soumission à son suzerain et non pas l’encouragement de l’hérésie. Cette subite mansuétude papale n’était que tactique politique car Jean sans Terre débarquait à La Rochelle, le 15 février 1214. Il fonçait à présent sur l’Agenais, terre dépendant de la couronne anglaise, que Montfort arracha à Raymond VI de Toulouse. En avril 1214, le père de Pétronille et le comte de Foix firent leur soumission au légat. À suivre…

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