12 – Les revirements de Rome

Innocent III attend l’embarquement français pour l’Angleterre pour relancer la Croisade Albigeoise. Le 21 mai 1213, il annonce au roi d’Aragón « qu’il annule purement et simplement les lettres précédentes relatives au processus d’arrêt de cette croisade ». La volte-face est sévère, nous confie André Delpech. Il reproche à Pierre II d’avoir extorqué un mandement apostolique ordonnant de restituer les biens des comtes de Comminges, Foix et Gaston VI de Béarn et d’ajouter : « Ils sont en effet excommuniés… Aussi comme un mandement obtenu pour eux dans ces conditions est sans valeur, nous le révoquons entièrement comme subreptice (illicite) ». André Delpech constate : « Ainsi tout le processus d’arrêt de la croisade tombait à l’eau ». En un mot comme en cent, la messe est dite… Au mois de juin 1213, Guy de Montfort, frère de Simon, seigneur de la Ferté-Alais et de Béthencourt, assiège Puycelsi dans le Tarn. Raymond VI, comte de Toulouse, envoie un détachement de routiers, puis le sénéchal Guillaume-Raymond V Moncade, beau-frère de Pétronille, prend la relève. L’attaque des habitants de Puycelsi et des renforts se fait trop tardivement. Le siège s’éternise. En cette année 1213, la conjoncture est favorable à l’intervention aragonaise. Pierre II sollicite un secours auprès de l’Angleterre puisque Jean sans Terre a été spolié du Quercy et de l’Agenais par un Français : Simon IV de Montfort. Le roi de France et le pape sont trop accaparés par les affaires de l’Empire pour se préoccuper du Midi. Les Toulousains attendent avec une impatience fébrile le roi d’Aragón et son armée libératrice. Montfort et les croisés essayeront bien de détourner l’attention de Pierre II. Rien n’y fera. Pierre II est bien décidé à défendre les intérêts de ses sœurs et beaux-frères les comtes de Toulouse. Cette affaire de famille se conjugue, pour lui, avec la nécessité d’une domination aragonaise sur les Pyrénées et le Languedoc. Le 22 août 1213, à Huesca, Pierre II s’en va rétablir ses sœurs dans le Toulousain. Le 24, il est à Lascuarre en Aragón avec ses cavaliers. Il doit franchir les Pyrénées par le val d’Aran et gagner Muret occupée, depuis plus d’un an, par les Croisés. À suivre…

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