Pierre II d’Aragón regagna ses domaines à la mi-février 1213. Il laissait pour protéger Toulouse et les barons méridionaux son sénéchal Guillaume-Raymond V Moncade, beau-frère de Pétronille. Ironie du sort, ajoute André Delpech, « Ignorant le rejet par les croisés du plan de paix aragonais, voilà qu’arrivèrent dans le Midi les lettres du pape demandant à Simon IV de Montfort d’arrêter les combats et de s’accorder avec Pierre II. Elles parvenaient trop tard pour mettre un terme à la croisade ». Aussitôt, le roi d’Aragón fait faire une copie de ces lettres et envoie une ambassade auprès de Philippe Auguste. Il lui donne les raisons qui l’ont poussé à prendre sous sa protection les terres toulousaines qui reviennent au roi de France. Pierre II tente d’apaiser Philippe Auguste et envisage même de demander la main de Marie de France, sœur du roi et veuve de Philippe de Namur. Il apprit par ses envoyés que le pape avait confirmé son mariage avec Marie de Montpellier et refusé son divorce. Le beau plan devenait caduc. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, ses émissaires lui apprirent que le fils du roi, le futur Louis VIII, avait pris la Croix, au mois de février, et qu’il formait son armée pour venir en croisade sur les terres du Midi. Les ambassadeurs de Pierre II échouèrent dans toutes leurs démarches. Montfort, lui, n’appliqua pas les directives du pape. De plus, il rejeta la suzeraineté qu’il devait au roi d’Aragón pour Carcassonne. Au pied du mur, Pierre II était devant un choix cruel : lâcher les Occitans ou punir Simon Montfort. Seules les armes parleraient. Le roi d’Aragón se mit à recruter dans ses terres. Pendant ce temps, le fils du roi de France Louis VIII abandonnait son projet d’une croisade en Languedoc pour relancer un nouvel épisode de la guerre avec l’Angleterre. L’année précédente, le pape Innocent III avait excommunié Jean sans Terre qui, dans ses perpétuels besoins d’argent frais, avait pris l’habitude de pressurer ses sujets et de s’approprier les trésors des églises. À la suite de quoi Jean sans Terre fut déclaré indigne de régner. Faisant fi des subtilités papales, Philippe Auguste décida d’envahir l’Angleterre, le 21 avril 1213. À suivre…